Les archives du Maître du Savoir #14
Dans ce numéro, nous nous penchons sur l’histoire récente des Argoniens, ces improbables alliés des Dunmers et des Nordiques dans le Pacte de Cœurébène. Le vice-chanoine Heita-Meen, son auteur, a également accepté de répondre à certaines de vos questions sur cette mystérieuse race du Marais Noir.
HEITA-MEEN RÉPOND À VOS QUESTIONS :
« Hélas, frère de couvée, je n’ai rien d’un érudit, ayant été élevé dans la servitude par la maison Drès. Depuis la Guerre de libération, j’ai eu bien trop à faire avec les affaires de notre époque pour me pencher sur celles du passé. J’ai cru comprendre aux dires du vice-chanoine de Gidéon que d’autres partagent votre curiosité, et les chercheurs saxhleels de Tourbevase s’intéressent précisément à cette question. Peut-être, lorsque les routes du marais seront à nouveau ouvertes après les moussons, pourrez-vous leur rendre visite pour boire à la source de leur connaissance. D’ici-là, restez humide ! »
« La réponse serait complexe en mots de langue, d’autant que, nombre de nos frères, je « n’adore » pas des entités d’une nature soi-disant divine, et je ne comprends pas les sentiments ou comportements de ceux qui le font. Puisque ni vous ni moi ne comprenons l’état d’esprit de l’autre, comment trouver une analogie médiane ? Mais j’essaierai. Nous avons des rituels, bien sûr, mais nous ne « prions » pas l’Hist. Le flot de nos pensées et de désirs s’unit. L’Hist est le fleuve, et les Saxhleels sont les vagues dressées par la rivière qui s’écoule sur les pierres. Cela devrait vous clarifier la chose, je pense. »
« Vous autres humains représentez souvent le temps comme une série d’événements, comme une histoire ou une narration. Cela nous semble étrangement limité, et cela force votre pensée en schémas de répétition étrangement décalés. Nous ne considérons pas le temps comme une ligne qui unit le passé au futur, mais plutôt comme la large vague qui balaie le sable lorsque vient la marée, ou la ligne des orages qui traverse le marais pendant les moussons. La cause et l’effet ne sont pas distincts, il s’agit d’un seul événement, quelle que soit sa durée. Comment pourrait-il en être autrement ? »
« J’érige la crête de l’incrédulité stupéfaite. Mais où les humains vont-ils chercher ces idées ? Waxhuthi ! »
Dans ce numéro, nous nous penchons sur l’histoire récente des Argoniens, ces improbables alliés des Dunmers et des Nordiques dans le Pacte de Cœurébène. Le vice-chanoine Heita-Meen, son auteur, a également accepté de répondre à certaines de vos questions sur cette mystérieuse race du Marais Noir.
Heita-meen a écrit:D’ARGONIEN À SAXHLEEL
Par : Vice-chanoine Heita-Meen
L’incompréhension et l’oppression empoisonnent le Marais Noir depuis des siècles. Mes frères et sœurs de couvée ont connu l’assujettissement par l’Empire et l’asservissement par les Dunmers. Des bottes cloutées piétinent notre culture et nos traditions. Quelle chance pour nous que ce marais ! Sans ses périls pour décourager les peaux-sèches, nous serions depuis longtemps tombés dans l’oubli des siècles. Malgré nos problèmes, l’Hist continue de nous guider. Et pour la première fois depuis longtemps, nous avons l’occasion d’interrompre ce cycle.
J’ai passé ma jeunesse dans les fers de l’esclavage. Il ne devait pas être facile de se distinguer par sa cruauté, parmi les tyrans de la maison Drès, mais le conseiller Glathis Drès y parvint néanmoins. Lorsqu’il me battit jusqu’à l’inconscience pour avoir assis les invités d'un banquet dans le mauvais ordre, je ne pus en supporter davantage. Lorsque je pus retourner travailler aux champs, j’attendis une occasion, maîtrisai les gardes enivrés et pris la fuite avec les autres esclaves.
Nous nous sommes réfugiés dans le Marais épineux. Lorsque nous avons croisé le chemin d’une troupe argonienne, c’est trop tard que nous avons compris leur trahison. C’était la vermine de la tribu Archein, dans l’emploi de la maison Drès. Affamés et épuisés, nous fûmes faciles à capturer. Le soleil abandonnait mon ciel, même si je discerne à présent l’influence subtile de l’Hist. Dans le village des Archein, je reçus une vision. Leur Hist me parla, me montra le sang et l’horreur : l’invasion akaviroise, les Dunmers et les Nordiques qui tombaient comme autant de feuilles mortes.
C’était une occasion. Un point tournant. Mais comment en profiter ? On nous ramena chez nos maîtres, dont la maison avait été vidée par les Dunmers qui répondaient à l’appel d’Almalexia. Pour ma transgression, je devais être fouetté par Glathis, une fois de plus. Dans la cour, Glathis porta le premier coup. Je saisis son fouet et l’étranglai avec la lanière. Je n’oublierai jamais le regard qu’il me lança lorsque la lumière le quitta.
Sans perdre de temps, je défiai le centurion des gardes Archein par droit-de-combat. Elle ne pouvait pas refuser ce défi traditionnel, du moins pas sans perdre la face devant sa cohorte. Le duel fut court. Je pris le commandement et avançai sur Fort-Tempête pour en faire autant sur place. Je suis reconnaissant de ne pas avoir dû faire couler davantage le sang saxhleel. Marche-cendre, qui vint à notre rencontre, avait pu convaincre les Dos-de-fer de Fort-Tempête de se rallier à notre bannière.
Je lui révélai mon plan. Nous pouvions marcher sur Morrowind, jusque dans les Éboulis, et engager le combat contre les Akavirois. Nous défendrions les Dunmers, et renverserions l’histoire. Dire que certains contestèrent ma stratégie serait un euphémisme. Je racontai la vision envoyée par l’Hist, et laissai partir tous ceux qui voulurent rentrer au Marais. D’un nombre encore imposant, nous nous mîmes en marche.
À notre arrivée dans le chaos du combat, les Dunmers ressentirent la peur. Ils ne voyaient que des esclaves armés charger droit sur eux. La peur se mua en abasourdissement lorsque nous vînmes renforcer leurs rangs. Nos Dos-de-fer leur apportèrent assez de force pour venir à bout des envahisseurs et les mettre en déroute.
Lors, nous fûmes reconnus. Nous avons aujourd’hui des alliés, et non des maîtres, pour la première fois depuis que notre mémoire perdure. Nous sommes libres, de par la loi, et nous reprenons nos villages, nous renforçons nos traditions. Il reste beaucoup d’amertume entre les Saxhleels et nos nouveaux alliés, toutes les tribus ne nous ont pas rejointes… seules celles du Marais épineux, de Fangeombre et de Tourbevase. Ce n’est pas une surprise. J’espère qu’ils se rallieront à nous, avec le temps, pour comprendre que nous avons enfin l’occasion de cultiver une certaine compréhension, pour ainsi préserver notre mode de vie.
HEITA-MEEN RÉPOND À VOS QUESTIONS :
– Eis Vuur, Gardien, Érudit errant et à louerEis Vuur a écrit:Vice-chanoine Heita-Meen ! À ma dernière venue à Fangeombre, je fut forcé de vous quitter avant que vous puissiez me parler des antiques ruines de pierres de nos ancêtres. Si les races des peaux-sèches veulent donner l’impression que les Saxhleesl sont incapables de telles constructions, nous sommes indubitablement des bâtisseurs. Que s’est-il produit pour que notre peuple cesse d’ériger les xanmeers d’antan, ceux de nos légendes qui sont aujourd’hui en ruines ?
« Hélas, frère de couvée, je n’ai rien d’un érudit, ayant été élevé dans la servitude par la maison Drès. Depuis la Guerre de libération, j’ai eu bien trop à faire avec les affaires de notre époque pour me pencher sur celles du passé. J’ai cru comprendre aux dires du vice-chanoine de Gidéon que d’autres partagent votre curiosité, et les chercheurs saxhleels de Tourbevase s’intéressent précisément à cette question. Peut-être, lorsque les routes du marais seront à nouveau ouvertes après les moussons, pourrez-vous leur rendre visite pour boire à la source de leur connaissance. D’ici-là, restez humide ! »
– SashlyrSashlyr a écrit:J’aimerais comprendre le lien entre les Argoniens et l’Hist. Avez-vous des rituelles ou des prières pour ces arbres ? Comment l’Hist influence-t-il votre vie ? Que ressent-on devant ces arbres conscients ?
« La réponse serait complexe en mots de langue, d’autant que, nombre de nos frères, je « n’adore » pas des entités d’une nature soi-disant divine, et je ne comprends pas les sentiments ou comportements de ceux qui le font. Puisque ni vous ni moi ne comprenons l’état d’esprit de l’autre, comment trouver une analogie médiane ? Mais j’essaierai. Nous avons des rituels, bien sûr, mais nous ne « prions » pas l’Hist. Le flot de nos pensées et de désirs s’unit. L’Hist est le fleuve, et les Saxhleels sont les vagues dressées par la rivière qui s’écoule sur les pierres. Cela devrait vous clarifier la chose, je pense. »
– TheHumanFloydTheHumanFloyd a écrit:J’ai toujours été fasciné par la manière dont les Saxhleels perçoivent le temps. L’on raconte que vous considérez votre vie tout entière comme un seul moment. M'expliqueriez-vous comment cela fonctionne ? N’envisagez-vous pas l’avenir, ne repensez-vous pas au passé ?
« Vous autres humains représentez souvent le temps comme une série d’événements, comme une histoire ou une narration. Cela nous semble étrangement limité, et cela force votre pensée en schémas de répétition étrangement décalés. Nous ne considérons pas le temps comme une ligne qui unit le passé au futur, mais plutôt comme la large vague qui balaie le sable lorsque vient la marée, ou la ligne des orages qui traverse le marais pendant les moussons. La cause et l’effet ne sont pas distincts, il s’agit d’un seul événement, quelle que soit sa durée. Comment pourrait-il en être autrement ? »
– TheHumanFloydTheHumanFloyd a écrit:J’ai entendu dire que les Argoniens avaient d’étonnantes capacités de régénération. Si l’on vous coupe un membre, repousse-t-il ?
« J’érige la crête de l’incrédulité stupéfaite. Mais où les humains vont-ils chercher ces idées ? Waxhuthi ! »