Première partie : Deux âmes qui s’unissent dans la foi (2E 572)
Debout sur son promontoire qui surplombait la cité de Maar gan, Kushumae profitait des dernières heures de la journée avant que Masser et Secunda n’apparaissent à l’horizon. Survivants d’une tempête qui s’était levée un peu plus tôt, les derniers flocons de cendres qui s’échappaient du Mont écarlate s’emmêlèrent dans les cheveux touffus de la jeune dunmer. Le volcan à l’horizon participait à rendre l’air chaud et humide, spécialement en cette fin de matinée d’hautzénith et les cendres s’étaient déposées en un voile qui couvrait la vallée de gris. En contrebas sous cette couche de suie se profilait la vie des habitants de Maar gan pour qui les tempêtes de ce genre étaient leur quotidien. Les artisans s’affairaient à leurs tâches ; l’un tapait du fer à l’aide d’un imposant marteau et le fracas métallique se répercutait en écho dans les falaises, l’autre coupait un tronçon d’arbre gris et sec que l’on trouvait le long des routes de Vvardenfell qui gémissait en craquements à chaque mouvement de la lourde hache. Moins perceptible mais tout aussi présent s’élevait le brouhaha de la ville qui, en tendant bien l’oreille, laissait échapper quelques insouciant secrets concernant un quelconque mari cocu.
Aisément reconnaissable grâce à ses maisons toutes en rondeurs inspirée de la carapace d’un animal marin, la ville était de construction Redoran. Les Cendrais de la tribu des Assinammubi s’étaient installés non loin pour troquer la viande et les peaux de ses élevages contre les denrées de la ville. De là ou se trouvait Kushumae, elle pouvait aisément apercevoir le sommet des tentes en cuir de ses semblables et déjà sentir le fumet du ragout de guar, prémices du souper à venir. Sa curiosité vaincue par sa faim et guidée par son odorat, elle fit demi-tour en laissant de profondes traces de pas dans la cendre. C’était une dunmer qui ne faisait pas ses trente étés. D’insolents cheveux d’une rousseur éclatante tombaient par grosse touffe sur ses frêles épaules dont la luminosité contrastait avec sa peau grise tourterelle. Un sourire espiègle ornait son visage et ses yeux compatissant, au regard constamment interrogateur, adoucissaient ses traits sévères de dunmer. Son visage portait les peintures caractéristiques de son clan. Kushumae n’était pas considérée comme une jolie femme avec ses hanches trop plantureuses qui lui donnaient une silhouette en pyramide, ses taches de rousseur qui lui rongeaient les joues et ses traits quelconques mais dans sa tribu, seule comptait la force de ses bras et la vivacité de son esprit.
Elle passa par de nombreuses plateformes naturelles taillées dans le roc qui rendaient la descente moins abrupte et la jeune dunmer sautait de l’une à l’autre avec l’agilité d’une chèvre des montagnes. La plaine aride ou s’était installée la tribu nomade s’étendait en longueur en-dessous du pic rocheux. La terre de sienne se mélangeait au gris de la suie et les faibles bourrasques soulevaient des nuages de poussières ici et là. La couche de cendre fraiche était piétinée par les passages incessants des chasseurs, des artisans et des enfants qui passaient les dernières heures de la journée à s’amuser, libérés de tous travaux. Devant ces derniers couraient les scribs qui tentaient d’échapper à leurs jeux cruels. Le ciel s’étendait sans nuages, grisâtre, et dont les nuances changeaient au fur et à mesure que le soleil déclinait, passant du jaune au rose pour finir par le rouge. À l’horizon s’élevait la porte des âmes qui gardait les secrets de la montagne rouge grâce à une petite garnison d’exaltés et d’ordonnateurs.
Kushumae s’avançait sur le chemin central et par extension le plus emprunté qui menait directement à la tente du Khan des cendres. Elle évita un jeune dunmer excité qui courait tout en tenant sa proie encore gigotante entre les mains puis passa sa tête par le rabat entr’ouvert de la tente.
-Kushumae ! s’écria son frère dès qu’il la vit. Il était assis devant le feu crépitant qui maintenait à bonne température le ragoût de guar accroché juste au-dessus. La dunmer, accaparée par la délicieuse odeur qui s’échappait du repas, avait du mal à lui accorder de l’attention. Son frère jumeau, Shabinbael, partageait les mêmes traits que Kushumae. C’était un jeune homme puissamment bâtis à cause de ses entraînements martiaux et du travail quotidien qui faisait partie des obligations des membres de sa tribu. Il était aussi roux que sa sœur et ses cheveux, rasés sur les côtés, étaient attachés en une natte qui descendait le long de son cou. À ses côtés se tenait Addamus, le khan des cendres de la tribu des Assinammubi, un très vieux dunmer à la peau, aux cheveux et aux yeux aussi gris que la cendre qui entourait leur quotidien. De profonds sillons étaient creusés sur son visage et, là où il avait perdu en force et en beauté, il l’avait gagné en charisme et en sagesse. C’est mère. Elle a besoin d’aide !
Shabinbael s’exprimait avec un ton peiné qui ne lui ressemblait pas.
Allongée par terre, un bol de ragoût à demi renversé sur sa tunique, Mamaea Maésa était prise de spasmes violents. Ses yeux révulsés n’étaient plus que deux fentes noire et de la bave coulait de ses fines lèvres gercées qui s’agitaient en murmurant des plaintes d’outre-tombe. C’était une vieille dunmer dont les cheveux auburn s’étaient parsemés de gris et seuls ses ornements en or et en argent attestaient de sa haute fonction dans le clan des Assinammubi.
-Doucement, mère, bafouilla la dunmer en s’abaissant. Elle déposa délicatement la tête de la vieille femme sur ses genoux tandis qu’elle fouillait dans sa sacoche pour en ressortir une plante noire et décharnée. C’était une branche d’étouffe-herbe, un arbuste qui servait de stimulant dans la plupart des décoctions. Kushumae effrita quelques feuilles au-dessus du nez de Mamaea qui toussa faiblement, puis attendit que ses propriétés fassent effet.
-Ses cauchemars continuent ?
Elle leva la tête et regarda son frère pour qui la question était destinée. Ce dernier balança sa tête de haut en bas, les lèvres pincées, pour signifier que c’était le cas. La dunmer crispa sa mâchoire d’irritation.
-Maudit soit Vaermina ! Elle ne peut pas laisser notre mère tranquille ?!
Les yeux à demi fermés, Mamaea ouvrit la bouche et reprit subitement son souffle. Un grand râle accompagna son inspiration, ce qui inquiéta fortement Kushumae. Elle posa ses yeux fatigués sur sa fille, un air désolé sur le visage.
-Ce n’est pas Vaermina qui perturbe mon sommeil, Mae, murmura sa mère avec difficulté. Ni mes journées, puisqu’il semble que cela devienne de pire en pire. Non, je le vois de mieux en mieux chaque jour qui passe. Je vois des ancres, des sombres ancres rongées par les vers. C’est Molag Bal qui doit s’attirer nos foudres.
Son assistance interloquée avait toute son attention. Addamus avait froncé les sourcils tout en aspirant des petites bouffées de sa pipe en ivoire, relativement calme en apparence. Kushumae, elle, bouillonnait de rage. Les quatre coins de la maison des troubles s’amusaient encore avec leur peuple et la dunmer trouvait cela inacceptable que leurs agissements retombent sur sa mère jusqu’à la rendre aussi faible. Ce n’était pas de la faute de Mamaea, bien entendu, et ce qui lui arrivait était uniquement dû à son statut et à son pouvoir très particulier. Mamaea Maésa était la conseillère du Khan des cendres, la gardienne du savoir et la prophétesse du monde invisible, autrement dit la sage-femme des Assinammubi. Maître du mysticisme, sa tribu était habituée à ses visions et à ses prophéties mais ce qui lui arrivait maintenant n’avait pas d’antécédents.
-Quelque chose est en train de se produire. Soyez vigilants, mes enfants , termina Mamaea avant de fermer les yeux et de sombrer dans un sommeil réparateur.
-Va chercher Zura, intervint Kushumae après un long silence.
Sans dire un mot, son frère s’exécuta et quitta la tente, le front plissé à cause de son inquiétude. Kushumae en profita pour poser une pile de fourrure derrière la tête de sa mère et prit un vieux torchon pour essuyer le ragoût qui avait taché sa robe. Elle redressa le bol qui avait basculé sur le sol et tout en s’asseyant confortablement, la dunmer rajouta une cuillerée de ragoût à l’intérieur. Alléchée par l’odeur, elle en avala des cuillères entières. C’est à ce moment-là qu’Addamus décida d’intervenir.
-Ta mère devient de plus en plus faible.
Kushumae lui envoya un regard noir. Le vieux dunmer continua, toujours aussi calme.
-Tu sais comme moi qu’elle ne vivra plus très longtemps. Il faut que tu acceptes ton héritage, Mae. C’est ce qu’elle aurait voulu, et tu le sais aussi. Si tu ne te prépare pas, tes visions pourraient apparaître n’importe quand et de manière encore plus chaotique. Je ne sais pas ce qu’il se trame là-haut, fit Addamus en désignant le plafond d’un doigt tendu et Kushumae comprit directement qu’il faisait allusion au Néant. Mais si c’est l’œuvre de Molag bal, il t’arrivera la même chose que ta mère.
-Vous n’êtes pas mon père.
-Mais je suis ton Khan. Tu devrais m’écouter mais tu n’en fais qu’à ta tête. Même si tu ressembles exactement à ton frère, tu n’as pas été doté de sa sagesse.
-C’est ce que mère a dit, fit la dunmer en haussant des épaules. Elle pense qu’elle a enfanté un seul être mais que son âme a été divisée en deux. On a chacun du avoir un fragment de sa personnalité. Dommage pour vous, on dirait que je n’ai pas eu la bonne.
Elle ponctua ses paroles d’un sourire insolent. Addamus enfonça sa pipe dans sa bouche d’un air las. Subitement, le rabat de la tente s’ouvrit pour laisser passer la cendre du mont écarlate et les rayons déclinants du soleil couchant. Shabinbael s’avança à l’intérieur en s’époussetant.
-Encore en train de vous disputer ?
Kushumae avala prestement le gros morceau d’intestin de Guar qu’elle était en train de mâchouiller puis répondit à son frère avec désinvolture.
-Je ne me dispute qu’avec toi, frérot.
-C’est faux ! Intervint une voix féminine. Combien de fois s’est-on querellé sur l’utilité de telle ou telle plante ? Tu sais pourtant bien que c’est moi la spécialiste.
La dénommée Zura apparut sur le seuil de la tente à la suite de Shabinbael. C’était une dunmer petite et menue aux yeux vifs et étincelants et aux cheveux châtains. Elle possédait un éternel sourire en coin qui la rendait extrêmement sympathique. C’était la coqueluche du village mais il fallait avouer qu’elle était plutôt jolie. A ses côtés se balançait une sacoche remplie d’herbes. Kushumae savait que son frère en était amoureux mais ce grand dadais n’avait jamais eu l’audace de le lui avouer, ce qui la faisait sourire inexplicablement à chaque fois qu’elle était en sa présence.
-Zura Zenammu, on ne parle pas comme ça à sa prochaine sage-femme ! Plaisanta la dunmer.
-Vous êtes d’une insolence, Kushumae Maésa. Je ne sais pas si j’aurais envie de vous écouter, répondit son amie en riant. Elle salua Addamus avant de poser le regard sur Mamaea qui dormait paisiblement et son expression devint soucieuse. Zura s’approcha d’elle pour prendre son pouls. Sans se départir de son anxiété, elle sortit de sa sacoche quelques plantes récemment cueillies et en fit de la pâte à l’aide d’un mortier qu’elle dilua avec un peu d’eau chaude.
-C’est comme d’habitude, finit-elle par dire. Elle est épuisée… Ce qui lui arrive doit être éprouvant. Et puis, il ne faut pas oublier qu’elle n’est plus toute jeune. Elle va s’en sortir, mais elle est très faible. Quand elle se réveillera, il faudra lui faire boire cette décoction qui soulagera ses douleurs. Je n’ai rien d’autre à proposer malheureusement, ce qui lui arrive dépasse mes compétences.
-Merci Zura. J’aurais aimé avoir ne fut-ce que la moitié de tes talents pour pouvoir l’aider moi-même.
-Tu as d’autres choses à faire pour t’occuper l’esprit, Mae, déclara son amie. Des choses plus utile au clan que la science des herbes, même si tu t’empresse de m’aider à chaque fois. D’ailleurs, je vois que ta sacoche n’est pas très rebondie. Tu n’étais pas sensé partir récolter des plantes, aujourd’hui ?
-Elle passe son temps sur la montagne au nord, à regarder les citadins, avoua Shabinbael, ce qui mit la dunmer dans l’embarras. Tu as envie de vivre avec eux, Mae ?
-Mon pauvre frère a perdu l’esprit, grommela la dunmer. Elle reprit sur un ton plus énergique. Bien sûr que non, Bael ! Je ne voudrais pas quitter mon stupide frère, il a besoin de moi.
L’ambiance était légère malgré l’incident et les trois dunmers conversaient des derniers sujets à la mode tout en se servant du ragout. En fin de soirée, Addamus se leva, mains sur les genoux tout en faisant craquer ses vieilles articulations et s’adressa au petit groupe d’un ton autoritaire. L’heure se faisait tardive et le vieux Khan autant que la sage-femme avaient besoin de repos. À l’extérieur, le ciel s’était définitivement coloré en bleu et les deux lunes éclairaient les plaines de cendre presque aussi bien que l’aurait fait Magnus. Sans rechigner, les jeunes dunmer firent demi-tour et retournèrent à leurs tentes respectives pour passer la nuit.
Les jours qui suivirent furent tous aussi monotones pour Kushumae qui, pour s’y soustraire, se perdait dans la contemplation de Maar gan. Le bruit de la ville, les personnalités qui y séjournaient, les soldats en armures Redoran et les produits des marchands, exotiques ou pas la fascinait. Chez eux, le mazte coulait à flot, alors que c’était une marchandise qui s’acquérait difficilement parmi les cendrais. Elle n’avait pas l’intention de se mêler aux citadins puisque les deux peuples se vouaient une haine réciproque mais ça ne l’empêchait pas de rêver devant les étoffes luxueuses et leurs meilleures conditions de vie. Lorsqu’elle ne se perdait pas dans ses pensées, Kushumae restait avec sa mère à la santé déclinante et apprenait les arcanes du mysticisme. Le culte des ancêtres était une part importante de leurs pratiques et l’un des devoirs de la dunmer était de leurs rendre hommage. Comme les Urshilakus, les Assinammubi étaient aussi de fervents partisans du culte de Nérévarine bien que la plupart des autres clans cendrais pensaient que ce n’était qu’une vieille légende idiote. Kushumae était donc formée à reprendre les coutumes de son peuple et à connaître les prophéties qui entouraient le Nérévarine, ainsi qu’à divulguer l’histoire des dunmers qui allait totalement à l’encontre de la version du tribunal. C’était une tâche réservée à la sage-femme et au guerrier-protecteur du culte qui était aussi le Khan des cendres. Les chasseurs, guerriers et artisans s’occupaient de leur côté des besoins les plus urgents de la tribu.
Shabinbael, lui, était un gula-khan prometteur. C’était un guerrier qui protégeait le Khan car il faisait partie des meilleurs de la tribu mais il était aussi dans les bonnes grâces d’Addamus. Ce dernier étant très âgé, le frère de Kushumae était tout indiqué pour reprendre son flambeau. Il était un très bon combattant et, à l’inverse de sa sœur, Shabinbael était patient et mesuré. On ne pouvait pas trouver plus ressemblant physiquement dans tout Vvardenfel bien qu’au niveau du caractère, le frère et la sœur étaient aussi différent que Masser l’était à Secunda. Ils étaient pourtant inséparables et, à part lorsqu’on leur donnait une tâche précise, personne ne les voyait jamais l’un sans l’autre. Pas un cendrais dans la tribu n’aurait été étonné si un mage sortit de nulle part leur expliquait qu’ils ne faisaient partie que d’une seule et même personne mais qu’ils avaient été séparé à la naissance par un caprice de Mephala, laissant les deux jumeaux en possession d’une moitié d’âme chacun. C’était, pour la plupart des cas, des explications abracadabrantes pour essayer de comprendre ce phénomène assez rare bien que les concernés approuvaient souvent ces théories en assumant que la vie serait impossible sans leur autre moitié.
Un jour de grande animation, les habitants de Maar gan aperçurent avec soulagement que les cendrais qui s’étaient installés près de chez eux se préparaient à partir. C’était un peuple nomade qui ne restait pas longtemps au même endroit car une fois que leurs marchandises avaient été écoulées et que l’herbe rêche qui poussait sous la cendre avait été arrachée par les Guars de leur élevage, ils empaquetaient leurs affaires et voyageaient vers des terres plus clémentes. Les huttes avaient été démontées et attachée sur le dos des Guars et les enclos temporaires qu’ils avaient construits durant leur séjour étaient retirés du sol. Kushumae, insensible à l’agitation ambiante, marchait au milieu d’un chemin fréquenté dont la cendre avait été piétinée par les passages incessants des membres de sa tribu. Tout le monde s’activait autour d’elle comme des fourmis travailleuses. Les bêtes de sommes portaient une grande quantité d’armes, de coutils, d’igname des cendres et de bouteilles de maztes, signe que leur troc avait été fructueux. Après avoir fait un détour pour s’assurer qu’il n’y avait aucuns retardataires, la dunmer rejoignit tranquillement son frère qui était occupé à harnacher un traîneau sur l’un de leur Guar personnel.
-J’espère qu’on ne rencontrera rien sur le chemin. Tu savais que les Urshilakus ont eu des problèmes avec les Akavirois ? s’enquit Kushumae tout en mastiquant une feuille coriace de Plume-Lo.
-Comment le sais-tu ? Tu communique avec eux, à présent ?
-Non, non. J’ai entendu dire que les cendrais du nord étaient en difficulté, et ça me semblait logique qu’ils parlaient des Urshilakus, voilà tout. Nous sommes justes au sud de leur campement, Bael !
-Tu ne devrais pas t’intéresser autant à ces gens de la ville, soupira son frère. Ils sont sournois et malhonnêtes.
-Je ne m’en approche pas ! s’insurgea Kushumae. Pas trop. J’ai juste troqué un collier contre un peu de nourriture. Mais maintenant que j’y pense, je crois que ce marchand espérait qu’il nous arrive la même chose en évoquant cette escarmouche.
Shabinbael lui lança un regard entendu pendant qu’il continuait son travail. Kushumae attendit à côté de leur attelage tout en pelant les feuilles de son Plume-Lo sans appétit. Une fois qu’il termina de sangler le reptile bipède, son frère s’approcha d’elle et secoua doucement la tête, compatissant.
-Kushumae, il ne nous arrivera rien. Je te le promets. Viens par ici, dit-il en attirant sa sœur près de lui. Il lui serra la main pour former un signe qu’ils répétaient depuis leur enfance. Deux âmes qui s’unissent dans la foi. Nous ne craignons rien, tant que nous restons ensemble.
-Deux âmes qui s’unissent dans la foi, répéta la dunmer à l’unisson et un sourire éclaira son visage à l’idée de pouvoir compter sur son frère, maintenant et pour toujours.
Lorsque les chasseurs terminèrent d’affûter leurs armes, lorsque les artisans terminèrent de ranger leurs outils et que les mères de familles avaient enfin réussis à mettre leurs enfants au pas, la sage-femme s’assit sur le traineau préparé à son intention et le Khan des cendres, qui était en tête du convoi, ordonna à la tribu de se mettre en mouvement. La terre tremblait après chaque pas des Guar lourdement chargés et la cendre qui tapissait les environs du mont écarlate se soulevait à leur passage, tachant les bottes et les vêtements des cendrais alors qu’ils se dirigeaient vers la faille de l’ouest.
Dernière édition par Kushumae le Sam 29 Mar - 21:30, édité 5 fois