Un cousin « presque » parfait.
Au loin, le soleil déclinait derrière la montagne, s’enfonçant entre les sombres roches et la clarté de la glace. C’était un spectacle ravissant, animé d’ondulations colorées et de dégradés lumineux.
Pourtant, un geste simple coupa l’effacement grandiose de l’astre.
D’une main, une silhouette dressa sa capuche vers le haut, dégageant un front pâle et quelques mèches rousses qui virevoltèrent au vent des sommets. Le froid s’engouffra alors dans l’épaisse toile et la fît gonfler.
« C’est bientôt l’heure. »
La silhouette maigrichonne, enrobée dans un épais amas de vêtements, se tourna dans la direction de la voix légère et riante. Cette dernière sortit de la grotte et s’incarna en un être aussi grandiloquent qu’impromptu : Un jeune garçon, à peine dans l’adolescence, aussi peu costaud que son interlocutrice. Il avait les cheveux noirs en bataille, soulignant le vert de ses yeux et son regard nerveux, semblable à celui d’un renard. Des traces ci-et-là marquaient son extravagance à veiller tard, et surtout, pour rien. Un sourire lui vînt pourtant quand un écho plus grave leur parvinrent, du fond de la gueule béante de la terre. Une sonorité autrefois fluette qui gagnait désormais en dureté et en testostérone.
« Bouges ton cul Talnir ! Ca va refroidir sinon !
- Tu tiens vraiment à tout lançer maintenant ?
- Bon sang, il va faire nuit après, comment tu veux qu’on rentre ?
- C’est là tout l’intérêt ! »
Le soleil se dissipa dans leur dos, englouti définitivement par la faim insatiable de la terre et du ciel. Il serait recraché demain, comme toujours depuis le début des temps. La lumière s’amenuisant au fur et à mesure, une autre exclamation remonta des entrailles de la montagne, cette fois glapissante.
« J’me les caaaaille !
- Saute alors, ça te chauffera au moins les pieds. »
La rousse sourit à son compère, lançant un dernier regard vers la vallée en contrebas, couverte de neige et tranquille. Puis elle entra dans la grotte. Ses pas la menèrent auprès d’une flammèche, tenue en vie à l’aide de brindilles, récoltées des mois plus tôt. Le rouquin, qui s’affairait à cet endroit, s’arrêta pour la détailler. Il était son reflet, en plus contrarié et plus masculin.
Le nez était aussi plus large, démesuré par rapport au reste du visage. Il accentuait la rigueur de ses traits et la croissance chaotique qui le caractérisait lui. Du reste, il faisait déjà plus adulte que les deux jeunots : Son corps avait décidé de grossir sans sa tête.
« T’as pas froid Moré ?
- Non. Enfin. Si, un peu.
- Mouais. Talnir est assez allumé pour ne rien sentir de toute façon.
- Je t’emmerde Maelenar. »
Un sourire moqueur répondit à un soupir exaspéré. Puis le gringalet porta secours au feu, s’arrangeant pour lui permettre de tenir un peu plus. Il se mit donc à l’entourer de ses mains, avec une délicatesse qui s’approchait plus de la mère poule que d’un adolescent épinglé de quatorze ans.
Il s’écoula quelques instants avant que Maelenar se relève, victorieux.
« Tout est relié, Capitaine Ernest Talnir Vorengard !
- La poudre est-elle en mesure de prendre le large, second ?
- Oui Capitaine !
- Si le canonnier Charlotte Moréane Vorengard est prête...
- Oui Capitaine !
- Alors ouvrez la grande voile et voguons sur les flots déchaînés de la montagne ! »
Tout se passa dans un mouvement surexcité et complètement désordonné : Maelenar attrapa le bras de sa sœur. Puis les deux jumeaux se mirent à courir dans le tunnel. Ils devaient rejoindre les trois planches de bois, amarrés à un rocher situé un peu plus loin. On entendait Talnir ricaner comme un dément autour du tas d’explosif – amassé là depuis des années dans un seul et unique but – avant de les rejoindre dans une course dératée. Ils lièrent en vitesse leurs chevilles et leurs mollets avec une corde. Celle-ci attachait le bout de bois à leurs chaussures, de manière à sécuriser un tant soit peu leur équilibre.
Puis tout explosa. Dans les secondes qui suivirent la détonation, l’on pouvait entendre un « C’est partit mon Titi !
- Le premier arrivé en bas devra trouver une excuse bidon pour les parents !
- Que tu crois, Talnir ! »
Pourtant, un geste simple coupa l’effacement grandiose de l’astre.
D’une main, une silhouette dressa sa capuche vers le haut, dégageant un front pâle et quelques mèches rousses qui virevoltèrent au vent des sommets. Le froid s’engouffra alors dans l’épaisse toile et la fît gonfler.
« C’est bientôt l’heure. »
La silhouette maigrichonne, enrobée dans un épais amas de vêtements, se tourna dans la direction de la voix légère et riante. Cette dernière sortit de la grotte et s’incarna en un être aussi grandiloquent qu’impromptu : Un jeune garçon, à peine dans l’adolescence, aussi peu costaud que son interlocutrice. Il avait les cheveux noirs en bataille, soulignant le vert de ses yeux et son regard nerveux, semblable à celui d’un renard. Des traces ci-et-là marquaient son extravagance à veiller tard, et surtout, pour rien. Un sourire lui vînt pourtant quand un écho plus grave leur parvinrent, du fond de la gueule béante de la terre. Une sonorité autrefois fluette qui gagnait désormais en dureté et en testostérone.
« Bouges ton cul Talnir ! Ca va refroidir sinon !
- Tu tiens vraiment à tout lançer maintenant ?
- Bon sang, il va faire nuit après, comment tu veux qu’on rentre ?
- C’est là tout l’intérêt ! »
Le soleil se dissipa dans leur dos, englouti définitivement par la faim insatiable de la terre et du ciel. Il serait recraché demain, comme toujours depuis le début des temps. La lumière s’amenuisant au fur et à mesure, une autre exclamation remonta des entrailles de la montagne, cette fois glapissante.
« J’me les caaaaille !
- Saute alors, ça te chauffera au moins les pieds. »
La rousse sourit à son compère, lançant un dernier regard vers la vallée en contrebas, couverte de neige et tranquille. Puis elle entra dans la grotte. Ses pas la menèrent auprès d’une flammèche, tenue en vie à l’aide de brindilles, récoltées des mois plus tôt. Le rouquin, qui s’affairait à cet endroit, s’arrêta pour la détailler. Il était son reflet, en plus contrarié et plus masculin.
Le nez était aussi plus large, démesuré par rapport au reste du visage. Il accentuait la rigueur de ses traits et la croissance chaotique qui le caractérisait lui. Du reste, il faisait déjà plus adulte que les deux jeunots : Son corps avait décidé de grossir sans sa tête.
« T’as pas froid Moré ?
- Non. Enfin. Si, un peu.
- Mouais. Talnir est assez allumé pour ne rien sentir de toute façon.
- Je t’emmerde Maelenar. »
Un sourire moqueur répondit à un soupir exaspéré. Puis le gringalet porta secours au feu, s’arrangeant pour lui permettre de tenir un peu plus. Il se mit donc à l’entourer de ses mains, avec une délicatesse qui s’approchait plus de la mère poule que d’un adolescent épinglé de quatorze ans.
Il s’écoula quelques instants avant que Maelenar se relève, victorieux.
« Tout est relié, Capitaine Ernest Talnir Vorengard !
- La poudre est-elle en mesure de prendre le large, second ?
- Oui Capitaine !
- Si le canonnier Charlotte Moréane Vorengard est prête...
- Oui Capitaine !
- Alors ouvrez la grande voile et voguons sur les flots déchaînés de la montagne ! »
Tout se passa dans un mouvement surexcité et complètement désordonné : Maelenar attrapa le bras de sa sœur. Puis les deux jumeaux se mirent à courir dans le tunnel. Ils devaient rejoindre les trois planches de bois, amarrés à un rocher situé un peu plus loin. On entendait Talnir ricaner comme un dément autour du tas d’explosif – amassé là depuis des années dans un seul et unique but – avant de les rejoindre dans une course dératée. Ils lièrent en vitesse leurs chevilles et leurs mollets avec une corde. Celle-ci attachait le bout de bois à leurs chaussures, de manière à sécuriser un tant soit peu leur équilibre.
Puis tout explosa. Dans les secondes qui suivirent la détonation, l’on pouvait entendre un « C’est partit mon Titi !
- Le premier arrivé en bas devra trouver une excuse bidon pour les parents !
- Que tu crois, Talnir ! »