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    [GW2] Le marteau et le fer.

    Gwydion
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    Message par Gwydion Mer 26 Fév - 17:39

    [GW2] Le marteau et le fer. Taletm10
    Un cousin « presque » parfait.


    Au loin, le soleil déclinait derrière la montagne, s’enfonçant entre les sombres roches et la clarté de la glace. C’était un spectacle ravissant, animé d’ondulations colorées et de dégradés lumineux.
    Pourtant, un geste simple coupa l’effacement grandiose de l’astre.
    D’une main, une silhouette dressa sa capuche vers le haut, dégageant un front pâle et quelques mèches rousses qui virevoltèrent au vent des sommets. Le froid s’engouffra alors dans l’épaisse toile et la fît gonfler.

    « C’est bientôt l’heure. »

    La silhouette maigrichonne, enrobée dans un épais amas de vêtements, se tourna dans la direction de la voix légère et riante. Cette dernière sortit de la grotte et s’incarna en un être aussi grandiloquent qu’impromptu : Un jeune garçon, à peine dans l’adolescence, aussi peu costaud que son interlocutrice. Il avait les cheveux noirs en bataille, soulignant le vert de ses yeux et son regard nerveux, semblable à celui d’un renard. Des traces ci-et-là marquaient son extravagance à veiller tard, et surtout, pour rien. Un sourire lui vînt pourtant quand un écho plus grave leur parvinrent, du fond de la gueule béante de la terre. Une sonorité autrefois fluette qui gagnait désormais en dureté et en testostérone.

    « Bouges ton cul Talnir ! Ca va refroidir sinon !
    - Tu tiens vraiment à tout lançer maintenant ?
    - Bon sang, il va faire nuit après, comment tu veux qu’on rentre ?
    - C’est là tout l’intérêt ! »

    Le soleil se dissipa dans leur dos, englouti définitivement par la faim insatiable de la terre et du ciel. Il serait recraché demain, comme toujours depuis le début des temps. La lumière s’amenuisant au fur et à mesure, une autre exclamation remonta des entrailles de la montagne, cette fois glapissante.

    « J’me les caaaaille !
    - Saute alors, ça te chauffera au moins les pieds. »

    La rousse sourit à son compère, lançant un dernier regard vers la vallée en contrebas, couverte de neige et tranquille. Puis elle entra dans la grotte. Ses pas la menèrent auprès d’une flammèche, tenue en vie à l’aide de brindilles, récoltées des mois plus tôt. Le rouquin, qui s’affairait à cet endroit, s’arrêta pour la détailler. Il était son reflet, en plus contrarié et plus masculin.
    Le nez était aussi plus large, démesuré par rapport au reste du visage. Il accentuait la rigueur de ses traits et la croissance chaotique qui le caractérisait lui. Du reste, il faisait déjà plus adulte que les deux jeunots : Son corps avait décidé de grossir sans sa tête.

    « T’as pas froid Moré ?
    - Non. Enfin. Si, un peu.
    - Mouais. Talnir est assez allumé pour ne rien sentir de toute façon.
    - Je t’emmerde Maelenar. »

    Un sourire moqueur répondit à un soupir exaspéré. Puis le gringalet porta secours au feu, s’arrangeant pour lui permettre de tenir un peu plus. Il se mit donc à l’entourer de ses mains, avec une délicatesse qui s’approchait plus de la mère poule que d’un adolescent épinglé de quatorze ans.
    Il s’écoula quelques instants avant que Maelenar se relève, victorieux.

    « Tout est relié, Capitaine Ernest Talnir Vorengard !
    - La poudre est-elle en mesure de prendre le large, second ?
    - Oui Capitaine !
    - Si le canonnier Charlotte Moréane Vorengard est prête...
    - Oui Capitaine !
    - Alors ouvrez la grande voile et voguons sur les flots déchaînés de la montagne ! »

    Tout se passa dans un mouvement surexcité et complètement désordonné : Maelenar attrapa le bras de sa sœur. Puis les deux jumeaux se mirent à courir dans le tunnel. Ils devaient rejoindre les trois planches de bois, amarrés à un rocher situé un peu plus loin. On entendait Talnir ricaner comme un dément autour du tas d’explosif – amassé là depuis des années dans un seul et unique but – avant de les rejoindre dans une course dératée. Ils lièrent en vitesse leurs chevilles et leurs mollets avec une corde. Celle-ci attachait le bout de bois à leurs chaussures, de manière à sécuriser un tant soit peu leur équilibre.

    Puis tout explosa. Dans les secondes qui suivirent la détonation, l’on pouvait entendre un « C’est partit mon Titi !
    - Le premier arrivé en bas devra trouver une excuse bidon pour les parents !
    - Que tu crois, Talnir ! »
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    Message par Gwydion Mer 26 Fév - 17:40

    « Je crois bien que d'héritage
    Mon silence est meurtrier »


    Huitième jour de la nouvelle année.

      Les rayons de la lune perçaient le feuillage ci et là, éclairant en quelque sorte son chemin. Elle profitait du milieu de la nuit pour rentrer par des chemins détournés, sombres et froids. Sa cape épaisse et lourde tapait contre ses bottes régulièrement, tout comme le souffle du vent. Et pendant qu'elle avançait, son esprit voguait.


    ***

      Elle s'introduit derrière le comptoir avec lenteur, ses doigts frôlant le meuble de bois sombre, massif, puis son regard s'attarda sur les diverses pintes vides et les couverts entreposés dans la vaisselle. L'odeur typique de l'alcool, âcre, aromatisé, était aussi fort de ce côté de la salle que de l'autre. L'habitude, où bien les années, avaient fini par imprégner le bois intérieur et à lui conférer ce charme troublant. Celui qui, semblable aux sirènes, attira à lui les ivrognes autant que les appréciés du bon vin. [...] La taverne semblait maintenant au repos, et le verre des fenêtres scintillait, d'un éclat étrange sous la luminosité extérieure. Moréane prit le torchon d'un coup de main leste, se remémorant toute à la fois l'angoisse de ce premier jour et l'excitation de l'apprentissage, avant de se concentrer sur le nettoyage des chopes de la soirée.

      Le premier soir avait été fort en sensations mais également agréable en terme de compagnie. Auren, tout comme elle le prédisait à sa manière, était un guide remarquable dans la cadence des commandes. Digg, ainsi que ses videurs, lui permettait de se sentir en sécurité. Pour autant...

      ... Les ombres du dehors ne pouvaient être tenues éternellement à distance. Un jour où l'autre, elles viendraient lui réclamer des comptes. Cette pensée lui fît esquisser sur les lèvres un mélange subtil de sourire et de grimace. Les temps lointains de l'innocence et de la tranquillité lui semblaient définitivement effacés par la haine, la sottise. Ou bien ce besoin irrépressible de puissance pour compenser la bassesse de l'âme, voir du sexe. La valeur de la vie lui semblait régulièrement mise à mal. Non pas qu'elle fût une bonne personne dans tous les domaines, mais elle accordait au moins un intérêt aux choses. Ce que les mauvais conteurs, les méchants de l'histoire ici bas n'avaient pas. Ils évoluaient comme dans une autre trame, un autre espace, mêlant passions du corps et de l'argent. Sans raison, sans limite, sans logique. Avec l'imprudente impression qu'ils étaient intouchables, riches et meilleurs dans leurs rôles. Qu'ils étaient les plus beaux, les plus séduisants, que croiser leur regard venait à rencontrer l'équivalent d'un dieu de beauté. Ils oubliaient que cette dernière tient du subjectif. A dire vrai, tous autant qu'ils étaient, Moréane les trouvaient moches. La blonde pulpeuse lui paraissait vieille mégère au cœur de pierre, le pot de cirage tenait plus du cadavre véreux que de l'homme. Pour elle, les unes étaient en vérité laides de corps aussi bien que d'âme et les autres n'en avaient tout simplement pas.

      Pour la première fois depuis longtemps, la rouquine regretta d'être si éloignée du monde animal. Eux seuls détenaient la clé du réel. De ce qui manquait à ses marionnettes d'une faveur irréfléchie. Elle aurait dû naître louve. Tant pis.

      En continuant d'essuyer ce qu'il fallait, Moréane croisa le reflet de son visage. Oui, elle-même n'était pas belle. Banale, normale, usuelle serait des termes plus appropriés. Plus proche de la vérité. Son nez trop pointu renforçait la dureté de ses traits, par exemple. Asdel aussi, n'était pas beau. Mais il avait son charme. L'un et l'autre étant dissociable. C'est peut-être car il était tel quel, que sa compagnie s'avérait toujours appréciable. Il suscitait en elle un libre accord de ses facultés.

      La forteresse des collines de Kesse était l'autre problématique qui tirait son esprit en torves réflexions. Ce coin était finalement malsain. Isolé. Sale dans le mauvais sens. [...]
      Tout cela n'avait plus de sens. Mais elle n'avait pas trois ans. Sortir de cette impasse était son problème. Avec un peu d'aide...


    ***

      Moréane secoua la tête, engloutissant son visage dans la capuche de feutre, puis reprit sa route vers le nord.


    ***
      Or, sous le couvert du masque d'ingénue qu'elle arbore face aux méprisants, elle savait. Il n'est pas question que de méchants et de bons. Défendre son garant est une obligation en ce bas-monde. La loyauté s'achète, mais auprès de la rouquine brouillonne elle se monnaie chère. Que tremble alors les socles et les maîtres. C'est un cataclysme qui guette.

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    Message par Gwydion Mer 26 Fév - 17:42

    « Nos blessures ont des visages »

    Promontoire Divin, onzième jour de la nouvelle année.

      La ruelle, plongée dans la pénombre, semblait déserte et calme. Le seul bruit notable étant le vent, cette voix étrange qui sifflait entre les bâtisses de sa froide complainte. La pluie, elle, avait cessé de tomber il y a une heure ou deux. Si le ciel paraissait encore couvert, quelques étoiles jouaient entre les brumes vers l'est. Cela laissait présager un lendemain plus clément, tout du moins en ce qui concerne le temps.

      Moréane, dont les doigts parcouraient le pelage d'Opâle, se perdait dans l'observation de ces ténèbres. Le volute sombre n'évoluait que peu, tout au plus il vacillait puis engloutissait l'espace quand un voisin éteignait ses bougies. Assise sur le rebord de la fenêtre, accompagnée du rat blanc, la rouquine réfléchissait depuis le milieu de la nuit. Autrement dit, depuis qu'elle était rentrée.

      Sa franchise était somme toute désarmante et blessante à la fois. Et si cela ne risquait pas de nuire à Digg, en faire un usage exceptionnel ne devait pas être un problème. Asdel en avait donc fait les frais.

      Se remémorant la soirée, Moréane se mit naturellement à sourire. Autrefois, elle était sauvage. Aujourd'hui, son approche civilisée semblait encore imprégnée par des relents instinctifs. En un sens, cet outillage ne s'avérait pas un mal. Il lui permettait de s'orienter assez facilement entre les individus.


    ***

      Il lui faudrait désormais une autre bougie. Leoryll. Son nom s'ajoutait à la liste de « ceux-qui-partent ». On l'abandonnait encore à son sort.

      Lentement, la rouquine prit la pince entre ses doigts, détaillant du regard les reflets d'or. C'était un cadeau auquel elle tenait, mais qui n'avait pour confession qu'un nouveau fantôme. Dans un autre temps, un autre lieu, elle avait été fiancée. Mais face à son absence puis aux événements, ce n'était plus le cas.

      Moréane inspira profondément tandis qu'elle rangeait la broche dans une boîte, avec d'autres objets, difficiles à discerner dans l'obscurité. Précautionneusement, elle incisa le plancher sous l'armoire, glissant son passé dans le sol avant de le recouvrir de paille, puis de bois. Il n'y avait ni larmes, ni cris. Simplement le silence et le vide.

      Nous avons tous notre boîte de Pandore.

    ***

      Elle avait été d'abord en colère contre lui. Lui et son manque de discernement. Et puis, après, le calme était revenu. Le cadavre blanchâtre qui avait osé ordonner le tir cessa d'exister. Il se dissipa. Il ne méritait pas même d'évoluer dans son plan. De la même façon, sa voix lugubre, sèche, traversait son être comme si Moréane n'avait pas vécu dans une dimension semblable. Elle se rappelait juste qu'il existait dans son environnement lorsqu'il lui adressait la parole, toujours pour des futilités grandioses. Typiques de lui.

    ***

      Le nez dressé vers le ciel, la jeune femme expira profondément. Ses pensées étaient entremêlées les unes avec les autres. Si ce n'était son esprit, la situation se présentait comme un nœud. Réfléchir au capitaine disparu, puis à son chef qui n'en avait que le nom, et enfin à Asdel...

      Un vieil écho lui revînt des tréfonds de son passé. Entrouvrant les lèvres, elle en chuchota le contenu autant pour elle que pour les ténèbres environnants.

      « Chaque relation est unique, dissemblable et assurément surprenante. »

      Tel qu'on le lui disait autrefois. Tel que son frère en avait découvert les tenants et les aboutissants.

      Alors... Pourquoi pas ?
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    Message par Gwydion Mer 26 Fév - 17:42

    « Ce sont des rencontres inavouées ... »

    Ces quelques derniers jours.

      La livraison avait prit plus de temps que prévu. De base, elle aurait dû être de retour mardi dans la nuit. Mais rien ne c'était convenablement déroulé. Non pas que le destinataire fût fort éloigné du Promontoire Divin, mais l'agitation ambiante au sein de Noirfaucon l'avait passablement distraite. D'autant que, de loin, la rouquine avait reconnu « ceux-que-le-froid-n’effraie-pas » et leurs compagnons symboliques. Ni une ni deux, elle s'était accommodée du premier arbre venu pour échapper à leur présence, grimpant contre le bois jusqu'à parvenir à l'espace le plus camouflé. Sans perdre le colis.

      Il n'y avait plus que le silence et le bruissement du vent. La main posée sur les lèvres afin de contenir sa respiration, le regard fixé vers le sol, ils étaient passés sans l'apercevoir dans le feuillage. Ils discutaient vivement, à l'évidence en plein débat. [...] Avec prudence et minutie, Moréane descendit des branches quand ils passèrent hors de vue. S'il était question de chance... Elle en avait eu beaucoup. Cette rencontre aurait pu être extrêmement problématique. Plus pour Maelenar que sa propre personne, étant donné la complexité actuelle de la situation.

      La rouquine inspira profondément puis reprit vite fait sa route, jetant un œil au colis dans sa sacoche. Tout était dans l'ordre, comme prévu. Il lui fallait simplement parvenir à destination. Selon l'indication, hors des remparts de la vieille citadelle. Ca ressemblait un peu à une mission-couverture. Elle s'imaginait trimballer un véritable trésor forgé par son frère, qui devait être transmis au plus vite à ses alliés les veilleurs. Mais le raisonnement était fallacieux. Cette logique tenait plus de la fantaisie que du réel. En vérité, il s'agissait simplement d'honorer une commande un peu bizarre et tout ce qu'il y a de plus banal.

      Usant de ses talents, Moréane évita soigneusement les troubles locaux, et notamment les rebelles, puis elle passa les lourdes portes de la cité. Ces immenses monceaux de bois sombre régurgitaient les passages d'un sens vers l'autre tout du long de la journée. La citadelle, dont les pointes s'enfonçaient dans la chair du ciel, l'impressionnait toujours autant. Son regard d'un bleu glacial se perdit sur ces défenses. Noirfaucon, pourtant à l'écart du reste des royaumes humains, tenait cette province et l'irriguait de ses bienfaits. Véritable cœur battant, la hauteur de ses remparts se dressait face à l'ancien ennemi Charr. Il s'agissait du dernier bastion de son peuple de ce côté-ci du monde. Un refuge irradiant d'une puissance passée.

      La rouquine suivit la route puis bifurqua en bas de la descente, se remémorant les explications de son frère sur l'emplacement de livraison. Elle y arriva même plus rapidement qu'elle ne le pensait, et se trouva nez-à-nez avec une femme qui lui sembla immédiatement étrange et inquiétante. Son accoutrement ne l'aida pas à se sentir à l'aise, impressionnant mélange d'or, de noir et de rouge. Le genre pas discret du tout. Le genre piège.

      " ... Je viens livrer ce que vous avez commandé à la forge..."
      " Heureuse d'enfin vous rencontrer Moréane, il était temps. On m'a beaucoup parlé de vous..."

      Moréane sembla écarquiller les yeux et interrompre sa respiration. Il lui fallait prendre l'air le plus innocent possible, où le plus benêt. Et vite.


    ***


      La rouquine se frotta frénétiquement le bras après avoir passé le porche. Sa tête lui faisait un mal de chien et ses jambes refusaient d’avancer plus. Toute à la fois tiraillée et épuisée, elle ne fît que quelques pas avant de s'effondrer sur l'amas de couvertures. La laine, puante et désagréable, lui piquait la joue. Mais le voyage avait fragmenté son énergie et la fièvre, à force d'hallucinations, l'avait convaincu de pénétrer pas discrètement du tout dans cette ferme habité. Un sourire vînt courir sur ses lèvres l'espace de quelques instants. Oui, évidemment, les occupants auraient une drôle de surprise. Puis son esprit s'enfonça dans les ténèbres et les étoiles cessèrent de scintiller devant ses yeux.


      Mercredi. Jeudi. Vendredi.


      La fièvre était définitivement tombée pendant la nuit. Malheureusement, pas les cauchemars. Dans son sommeil, elle avait dû gueuler au moins la totalité des noms des membres du clan. Revoir les morts n'était pas de tout repos. Au réveil, la rouquine avait rampé jusqu'au seuil de la porte puis avait vomi. Le froid glaçant de l'endroit avait ensuite prit le relais. Lentement et sûrement, elle s'était dressée. Son corps, encore quelque peu chancelant, enjamba les deux cadavres pour parvenir à ce qui ressemblait à une cuisine. Du regard, elle repéra la porte du placard légèrement ouverte. Et, en chuchotant tout bas, remercia les six d'avoir eu ce réflexe inné de survie lors de l'attaque des centaures. Elle n'y aurait pas survécu, dans son état.
      Ses mains, pâles et fines, manquant de vigueur, fouillèrent ensuite dans les restes pour trouver de quoi se nourrir tout en réfléchissant. Dès l'aube, il lui faudrait s'occuper dignement des morts, puis reprendre sa route. Son frère devait s'arracher les cheveux. Peut-être qu'Asdel allait l'engueuler aussi car elle lui aurait manqué. Auren aussi, aurait des raisons de la secouer. C'était de très bonnes perspectives. Leurs remontrances tiendrait d'un certain attachement vis-à-vis d'elle.

      Avec un peu de chance elle serait de retour samedi...


    ***

      Elle compta en silence les secondes qui la séparait de sa proie. Cela lui permettait de cadrer son esprit tandis que son corps tenait l'équilibre de ses jambes sur la branche. Soudainement, ses muscles se contractèrent et l'arc porta toute son attention dans la direction de sa cible. La flèche siffla, vive, dès que les doigts relâchèrent dans un même mouvement la corde. Le centaure s'écroula sur le côté, hurlant et grognant, sa cheville ayant été transpercée de part en part. Moréane se laissa chuter sans bruits à côté de lui, la capuche couvrant une grande partie de son visage. Ses mains glissèrent contre son baudrier pour en retirer les dagues d'un geste lent. Elle ne chercha pas à jouer, ni à attirer l'attention, mais à se venger. La pointe de la lame glissa sous le poitrail de la créature, tranchant la chair tout du long pour en répandre le contenu sur le sol. Puis, clémente, ses dagues déchirèrent la gorge du centaure.

      La rouquine n'essuya pas sa cape tâchée de sang, ni ses armes, tout juste elle les attacha à sa ceinture avec des gestes presque mécaniques. Puis elle reprit sa route vers l'ouest, l'esprit partiellement apaisé. Sur le chemin, elle fût parfois tiraillée par des murmures incessants, des chuchotements venant des tréfonds de son inconscient. Oui, elle savait tuer. Elle pouvait y prendre même du plaisir. Mais ce n'avait jamais été une motivation, ni même une influence conséquente. Très tôt, on lui avait appris qu'il était bien plus difficile de savoir quand épargner une vie, plutôt que de la prendre. Elle avait alors choisi, selon son propre code de conduite, d'être quelqu'un de pas trop mauvais. Son bon fond c'était développé de cette façon.

      En vérité, il suffisait de bien maîtriser la bête qui sommeille en chacun de nous. Ce monstre sanglant qui fait de l'Homme un être si détestable et si prompte à la folie. Moréane l'avait vu, dans les yeux de certains, repu de la chair et des cris de ses victimes, attendant avec impatience les nouvelles rations. L'être humain est clairement terrifiant.

      La rouquine frissonna, son regard glissant le long de son armure. Le sang séché mêlé à la terre et aux traces de végétaux, lui donnait un air furieusement cinglé. Pire, elle était semblable à un fantôme de chair, revenu d'Orr pour hanter le monde vivant.

      Maelenar allait vraiment hurler.


    Dernière édition par Gwydion le Mer 26 Fév - 17:44, édité 1 fois
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    Message par Gwydion Mer 26 Fév - 17:43

    « ... Qui nous laissent des marques ... »


    Promontoire Divin, vingt-deuxième jour de la nouvelle année.
      Elle enfonça l'éponge dans le baquet d'eau, observant du coin de l’œil cette dernière s'imbiber et gonfler. Quand elle fût pleine, la rouquine la retira du liquide puis l'appliqua avec précaution sur son bras gauche. La douleur submergea ses défenses malgré sa concentration. Un grognement lui échappa alors que ses dents s'appuyaient sur la louche en bois. La parade n'était pas évidente, mais l'étrange marque ne cessait de perturber toute à la fois son esprit et son corps. Elle avait donc tenté de scalper la peau au-dessus du tracé. Si l'idée lui avait paru bonne au départ, l'inutilité flagrante de son action révélait tout le contraire. Non seulement elle souffrait fichtrement, mais en plus elle avait sali le plan de travail auprès de la chaumière. Ci et là, on trouvait des éclaboussures rosâtres du baquet et des tâches vermeilles couraient tout du long du bois servant de rebord aux meubles d'ébènes.

      Moréane inspira profondément pour se calmer, retirant avec prudence l'éponge. Elle la laissa finalement tomber dans l'eau sans chercher à la reprendre. Une vive grimace traversa son visage tandis qu'elle se redressait complètement. D'une main, elle saisit un torchon propre qui pendait plus haut et en couvrit son bras. La situation ne l'aidait vraiment pas, d'autant que son stock d'onguent n'avait pas été renouvelé depuis plusieurs semaines. Il lui faudrait faire à la vieille manière et si possible avant que Maelenar ne soit rentré. Non pas qu'il l'engueulerait - bien qu'en vérité il le ferait certainement - mais il risquerait de mal comprendre la situation et de se braquer, voir de la prendre pour folle. La rouquine préférait éviter cela autant que possible...

      Avançant de quelques pas, elle s'enfonça dans le couloir et monta les escaliers.

    ***

    Vallée de la Reine, l'an dernier.

      Califea ajusta délicatement son gant, tournant ensuite avec une grâce singulière son visage dans la direction de son camarade. De sa voix lente et suave, résultat d'une décennie d'efforts et de frustrations, elle lui intima le silence. Ils avancèrent de concert à travers la forêt épaisse et sombre, privant les environs d'une lumière appréciable mais leur accordant à eux un voyage en toute discrétion.

      Sa cape cerclait sa démarche étrangement féline, dont le pas plus surnaturel qu'humain semblait donner la cadence. L'homme à ses côtés la suivait calmement, son regard survolant la végétation s'en y attacher plus d'importance. Ils accentuaient le lugubre de l'espace et l'air, déjà embrasé par la brume naissante, n'arrangeait rien.

      Ils finirent par arriver à l'aune d'une grotte. Avec une lenteur calculée à l'extrême, sans avoir à dévoiler les pistolets massifs cachés à l'intérieur de son par-dessus, la rouquine tendit sa main droite vers les ténèbres. Puis, elle retira son gant. La marque, profondément incrustée dans la peau, vrilla un instant d'une étrange lueur avant de ternir. Un signal lumineux se fît perceptible au fond de la gueule béante de la terre. Hochant la tête avec ravissement, Califea s'enfonça dans la pénombre humide de la grotte.


    ***

      Ses doigts serrèrent le drap avec appréhension, la marque lui brûlant encore le bras. Les cauchemars ne l'aidait pas foncièrement plus. En tremblant légèrement, elle se releva sur le bord du lit, tendant la main vers la table à proximité. Il lui fallait ingurgiter une plante calmante le plus rapidement possible. Le plus....


    ***

      « Probable que ce soit de la magie. » Selon Digg.

      Comme si cette merde n'était pas déjà chiante par sa simple existence.
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    Message par Gwydion Mer 26 Fév - 17:45

    « Celle que l'on nomma Califea Vorengard »


      D'entre ses souvenirs, les scènes d'absences de son ainée lui revinrent. Tout juste adolescente, elle se distrayait quelque fois à se glisser derrière le paravent, massif et couvert de tentures, de la chambre de sa sœur. Puis elle attendait sa venue dans la plus grande discrétion.



    ***

      Califea porta sa main à son veston de cuir, ses doigts gantés frôlant l'alliage d'acier du pistolet. Elle y porta un soin particulier et presque méthodique, le caressant avec un mouvement lent, distrait. Cela lui conférait une sérénité fragile et curieuse. Dans ces rares moments d'intimités que Moréane surprenait, elle trouvait un air rêveur, doux et lointain à sa sœur. Un air semblable à la tranquillité apparente dans laquelle se meuvent les écrivains, et autres hommes de lettres, lorsqu'ils fréquentent les salons. Puis sa main quittait à regrets la cache de son arme. Les traits de son visage perdaient leur intemporalité et s'animaient d'une certitude troublante. Elle se détachait alors du charme chatoyant de l'absence pour se vêtir d'une froide sensualité. La transition était toujours fulgurante, dès lors que les rouages de son esprit acéré se mettaient en marche. D'une âme à une autre, Califea jonglait. Les différents aspects de sa personnalité imprégnaient son corps.


    ***

      Des trois enfants Vorengard, elle était déjà très tôt arrogante. Son regard, teinté d'un vert malicieux, ne quémandait ni clémence ni compassion. Elle appréciait la dureté de son éducation et sa place d'ainée. Son esprit grave et calculateur ne trouvait pas d'écho dans l'existence innocente des jumeaux. Tout au plus, pour ne pas enfoncer les brèches, elle faisait preuve de patience avec eux. Ils ne risquaient pas de gêner sa progression dans le monde. Califea était autant différente que semblable à ses cadets. Elle partageait le trait commun de la famille, une élégante chevelure rousse cascadant sur ses épaules et un nez pointu typique des femmes de son sang. Sa stature, haute et fine, s'inscrivait de la même manière. Mais le reflet s'arrêtait là. Son visage et son corps servaient des ambitions qui nécessitaient un entretient quotidien, difficile et clairement pimpant. Le maquillage, les corsages et la coiffure... Tout était fait de manière à suivre ce but en séduisant. Cela créait un surprenant contraste lorsqu'elle se vêtait d'une tenue d'ingénieur et qu'elle rejoignait son oncle. Dans ce domaine, son besoin compulsif de perfection passait par un travail acharné et toujours plus élaboré. A la limite de la frustration.

      En vérité, ils étaient tous bien loin de la connaître …

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    Message par Gwydion Mer 26 Fév - 17:46

    « Et il le condamna »


    Collines de Kesse, vingt-huitième jour de la nouvelle année.
      Toutes les nuits se ressemblaient depuis la livraison à Noirfaucon. Seul les cauchemars se distinguaient les uns des autres par leurs scénarios et la dureté de l'avertissement. « Nous reviendrons ». Oui, ils viendraient bientôt les chercher et finir le travail. Le message était très clair. […] Si elle ne se réveillait pas en hurlant, les tremblements de son corps témoignaient du traumatisme vécu. Son sommeil n'en avait que le nom. Il lui fallait alors du temps pour récupérer et recomposer son masque. Offrir aux autres son sourire habituel, dégoulinant de joie et de vie, de simplicité, alors qu'il en était tout autrement. Qu'elle souffrait sagement en silence. C'est pourquoi, afin de ne pas éveiller les soupçons dans cette communauté déjà si peu soudée, elle ne pouvait dormir avec eux. Les arbres étaient un refuge idéal dans sa situation. La hauteur de sa position dans les branches décourageaient les plus ardus, et ses cris se perdaient dans la faune ambiante du marais. Et, en toute sécurité, elle pouvait observer les évolutions de la marque.

      Le détail dernièrement notable avait été le changement de couleur. Du carmin sombre à l'encre noir. Maintenant cela ressemblait plus à un tatouage* quelconque - sans l'être pour autant, si on exceptait les cauchemars assurément liés et la douleur lancinante qui la prenait à ce point depuis hier soir. Le bandage, qui couvrait à la base son scalpe volontaire en guise de tentative désespérée, était désormais une excuse à la douleur. De toute façon, tant qu'on allait pas directement le vérifier …

      Malgré tout, Moréane ne lâchait pas sa vigilance. Mauvaise idée de se plaindre, cela risquait d'attirer l'attention. Pas grandiose non plus l'option de rester en arrière. Faire comme d'habitude était la meilleure option de survie.



    ***

    Le refuge noir, vingt-sixième jour de la nouvelle année.
      La terrible situation ne tenait pas seulement à ce probable sortilège. Il y avait aussi l'accusation de Maelenar, dont la rouquine se souvenait tout particulièrement.


      La soirée en perspective n'était de toute façon pas grandiloquente. Comme à son habitude, Moréane s'attendait au monologue du pot de cirage sur tel sujet excessivement important pour sa petite personne, où tel autre attrait qui l'emmerdait profondément elle. Non pas que les missions à venir ne titillaient pas sa curiosité, mais en orateur, elle avait déjà connu mieux. A défaut de bailler – ce qui risquerait de lui attirer des ennuis sans l'ombre d'un doute – la jeune femme se contentait de garder le silence et d'écouter distraitement.

      Sauf que ce soir n'avait pas vraiment été semblable aux autres. Déjà, le vicomte s'amusait à reprendre des détails de la charte en long, large et travers. Ils les connaissaient tous puisqu'ils l'avaient signé. C'est quand il évoqua le sujet de la traîtrise que les oreilles se tendirent. Le paroxysme fût atteint avec la nomination de Maelenar à ce titre. Décapant. Ils s'étaient tous réveillés sans problème à cette évocation. Et l'exécution sommaire envisagée.

      Du côté de l'esprit de Moréane, le branle-bas de combat était lancé. Glisser ses mains dans son dos, décrocher l'arc et atteindre une flèche, le faire passer devant-elle rapidement puis tendre la corde et la lâcher. Viser la tête, au cas où il serait encore capable de survivre à une flèche dans un cœur, qu'il n'avait pas de toute évidence. Cela lui avait pris quelques secondes pour l'imaginer, tout au plus. Et la suite avec. Si elle n'avait pas été grillée par la magie dépravée du pot de cirage, d'autres se seraient retournés contre elle. Il n'y avait alors ni Talnir ni Maelenar. Ses Chances de survie étaient approximativement nulles. Elle s'était alors mise à gueuler en guise de réponse avant d'être calmée.

      Réfléchir. Non, lui péter la gueule. Réfléchir. Ariel n'a pas bougé alors que c'est son ami. Lui péter la gueule aussi. Réfléchir. Je déraille. Réfléchir. Reprends-toi. Réfléchir. Pas tuer Faendyr, plutôt faire assassiner sa ****. Réfléchir. Accroches-toi. Réfléchir. Bon sang, tu es une Vorengard ! Réfléchir. S'exiler loin et tout claquer. Réfléchir. Tu mérites mieux que de finir comme ça. Réfléchir. Calmes-toi. Pour Maelenar. Pour ceux qui ne veulent pas te tuer.

      Moréane s'était alors maintenue tant bien que mal debout, droite et fière. Elle aurait pu avoir l'air de contrôler la situation si son corps ne tremblait pas de rage. Et si elle n'obéissait pas promptement à Asdel, au risque de complètement péter les plombs et d'insulter copieusement l’intégralité de leur groupe. A dire vrai, c'est presque ce qu'elle avait fait devant Amaelia un peu plus tard dans la soirée. Le Capitaine en avait notamment pris pour son grade. Dire que son frère et lui étaient amis et qu'il n'avait pas bougé le petit doigt ! Hors d'elle et pourtant consciente de la situation, elle s'était alors focalisée sur la petite dernière, bouc-émissaire de la grande majorité de ses confrères … Mais pouvait-on vraiment nommer ces gens, ces vipères, des frères et sœurs ? Pouvait-on vraiment accorder de la confiance à ceux qui vous abandonnent aux ténèbres de cette façon ? Tous autant qu'ils étaient, tous sans exceptions, tous … Elle leur crachait promptement à la gueule. Intérieurement, bien entendu.

      Après avoir rassuré Amaelia, injustement méprisée par ses pairs, la rouquine était retournée en bas. L'utilisation d'un langage très grossier l'avait détendu. Le reste de la soirée fila avec cette sentence en arrière fond. L'apaisement que lui procura Asdel était réel, bien qu'hésitant. Difficile de savoir sur quel pied danser avec lui, surtout devant ce tas d'assassins. Se protéger d'eux sans se fermer à lui... Si le dénouement se fît moins sombre que prévu, il n'en restait pas moins que le problème était là. On accusait son frère. Sa chair et son sang. On voulait quand même lui attenter un procès. Envisager l'exécution de son propre frère lui était trop horrible, tout autant que ce qui en découlerait. Devenir l'héritière et la matriarche de la famille Vorengard ? Elle serait assurément bien trop intéressante sur l’échiquier pour être tranquille. Des emmerdes et encore des emmerdes. Déjà qu'ils étaient tous les trois dans la bouse de Dolyak …



    ***

      Caressant du pouce le pendentif que lui avait confié son bien-aimé protecteur, Moréane se mordit la lèvre jusqu'au sang. Puis elle donna un coup de pied dans l'arbre. Et un autre. Une vive douleur dans le bras droit lui tira une grimace. Il lui faudrait bien plus que du courage pour jouer le jeu. Il lui faudrait... De la folie.



    [size=85]*: Ce n'est pas un tatouage. Ca y ressemblait.[/size]
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    Message par Gwydion Mer 26 Fév - 17:47

    « Jamais Noé ne put si bien voir le monde
    que de l'arche malgré qu'elle fut close
    et qu'il fit nuit sur la terre. »

    Proust


      Kryte, quatrième jour du deuxième mois de la nouvelle année.

      Le voyage avec Amaelia avait été plus court que prévu. Le marais de fer était loin, bien trop pour l'heure. Y parvenir sans embûches, tout en empruntant le portail à l'Arche du Lion, aurait nécessité au moins une bonne semaine de marche. En l'état, avec la créature sanguinaire qui rôde dans les parages, cette escapade ne s'y prêtait guère. Mais malgré ce détail chagrin, la rouquine avait envisagé de passer outre pour respecter sa promesse. Lorsqu'elle dévisageait sa camarade à la lueur d'une torche, où des étoiles, elle ne pouvait s'empêcher de lui faire remarquer à quel point elle semblait "jeune, fraiche et candide", pas du tout le genre de "sauvage vagabonde" et encore moins "de gonzesse aguicheuse". Tant bien même ce que pouvait en penser les autres. Puis par principe, elle rumina sur certains noms et leurs pseudos exclamations. Elle marmonna par-là même sur leurs alliés qui n'en étaient pas. Et sur Ariel qui avait lâchement abandonné son frère. Le sujet leur était récurrent depuis ce soir si fort en... révélations.

      Arrivées aux champs de Gendarran, et face aux résolutions d'Amaelia, Moréane n'avait pas insisté. Suivre sa camarade était déjà suffisant et se plaindre de l'abandon de ce projet était malvenu. Même si cela l'attristait quelque peu. Ayant haussé les épaules en guise de réponse au changement de plan, la rouquine avait continué ses pérégrinations. L'avantage certain, au moins, est qu'elles seraient rentrées tôt, très tôt. Dès demain, en compagnie d'Adam et Faendyr, Moréane pourrait commencer les recherches. Certainement qu'ils devraient débuter par le plus proche, tant que cela ne concernait pas le marais d'Anathema - qu'elle exécrait aussi bien pour sa quantité de moustiques que pour son sol marécageux et ses malencontreuses manifestations magiques - où quelques autres coins sombres de la carte. L'idée de se retrouver en tête à tête avec la créature la fît frémir et accélérer manifestement le pas. Pas très intelligent d'y penser maintenant. Il fallait se concentrer sur la mission actuelle, le repérage des nids... Et si possible des centaures avant que ce ne soit eux qui les remarquent.

      En chemin, discutant de choses et d'autres avec sa nouvelle amie, Moréane glissa instinctivement le pendentif entre son pouce et son index. Depuis que Asdel le lui avait confié, le tique de le toucher était devenu habituel. Cela avait tendance à la rassurer sur ce qu'elle pensait alors actuellement, mais au fur et à mesure, des angoisses plus profondes et plus sordides naissaient de cette caresse. Des interrogations sur son avenir, sur celui de son frère au cœur d’artichaut, sur celui du furieux Talnir, sur celui d'Amaelia injustement méprisée, sur celui de la puissante Eyris et du terrifiant Faendyr, et plus simplement sur celui d'Asdel. Également, cela entrainait des questions sur le futur de Digg, d'Adam, de l'asura et du dernier arrivé. Elle ne se souvenait même pas de son patronyme. Fichtre. Il y avait aussi ces deux vagabonds qui n'avaient - au final et en définitif - rien en commun avec eux. C'est alors que tout cela lui sembla assez limpide pour que des mots puissent être mis sur ses images: Aussi visibles que soient les fractures, aussi dissemblables qu'ils soient tous, ils étaient unis dans un mouvement et une même direction. Ils étaient les sentinelles du crépuscule.

      Instinctivement, la rouquine cligna des yeux. Puis, sans rien laisser paraître, elle se détendit. Si tout cela pouvait ne pas déraper, si tout pouvait bien finir... Alors elle ne serait jamais obligée de tuer Faendyr - pas plus qu'un autre inquiété - et elle ne se trouverait pas non plus confronté à Amaelia où à Asdel - clairement le pire combat qu'il pourrait lui être donné de faire - voir à Sarah et à Eyris. Peut-être même pourrait-elle apprendre à lui faire confiance. Cela la réconfortait quelque peu. Tout était si précaire ici bas qu'un peu d'espoir ne ferait de mal à personne... Et elle, autant que d'autres, en avait terriblement besoin en ces temps sombres. En ces temps où les vieux amis n'en ont que le nom, où la traîtrise se fait maître et que tous, progressivement, s’enfoncent dans les ténèbres. Tous ? Tout du moins ceux qui vivent en communauté, ceux qui font parti de ce monde étrange qui animait parfois leur forteresse ... Moréane s'étonna pourtant, que elle, visiblement une asociale antipathique, se soit intégrée à ce groupe. Elle ne devait pas l'être autant qu'elle le pensait.

      Il lui semblait alors simple d'attacher de l'importance à toutes ces vies. Aussi bien aux nouveaux arrivants qu'aux autres. Sa première véritable amie, si on pouvait se permettre le terme, en la personne d'Amaelia. Mais aussi sa passion progressive et florissante pour Asdel, son protecteur. Sa loyauté indéfectible envers Eyris, la seule personne capable de lui intimer un ordre sans qu'elle ne cherche à rechigner. Son compère Adam, qui jusque maintenant avait protégé ses arrières. Son frère et son cousin, respectivement Maelenar et Talnir Vorengard, qui n'avaient pas besoin de plus pour mériter une place dans son cœur. Et si Faendyr contrastait tristement avec ce tableau, puisqu'elle ne l'appréciait pas vraiment et qu'il lui flanquait la frousse, elle lui devait au moins de tenir ses engagements. Peut-être que construire quelque chose était alors possible...


      ***


      Elle avait au raison d'insister auprès de Maelenar, puisqu'au cours de la nuit, son coup de froid était passé. Alors que le soleil daignait enfin se lever, Moréane venait quasiment d'arriver à la forteresse. Elle prit un moment, sur le ponton, pour observer les premiers rayons darder les pierres du refuge. L'éclat doré de l'aube lui sembla un bon présage, tant bien même qu'une légère douleur s'élançait dans son bras. A ce propos, Maelenar souhaitait rencontrer au plus vite un spécialiste. Il avait certainement pensé à leur chef. Après tout, la magie, cette saloperie sans nom, était son domaine. Mais bon, quitte à choisir, la rouquine aurait préféré ne rien montrer à personne.

      Ce n'était pas tant le goût du secret, loin de là même... C'était juste qu'elle n'aimât pas s'imposer à ses camarades comme un problème.


      ***


      Arche du Lion, septième jour du deuxième mois.
      Ils avaient été remerciés. La surprise fût totale pour eux, qui n’imaginaient pas recouvrir la liberté de sitôt. Moréane avait d’abord cru à une manœuvre de Faendyr pour éliminer son frère. Puis au fil des jours, voyant Maelenar laconique, visiblement inébranlable, elle se rendit à l’évidence. On ne les voulait simplement plus. Ah. Bon. Et le secret ? La bestiole galopante dans la Vallée de la Reine ? Apparemment tant pis. Est-ce que le serment s’appliquait encore à eux ? Elle douta de toute façon vouloir raconter ce qui se passait là-bas. Bien trop sale. Bien trop magique. Des magiciens avec la tête secouée. Bref. Les Vorengards étaient de nouveau sans attaches, dérivant au fil de l’eau et des courants. A croire que s’intégrer dans un groupe, où bien dans une communauté, relevait de l’impossible. La rouquine haussa les épaules puis reprit sa route vers la taverne. Le service de la soirée se présentait calme. Ils avaient été indomptables. Peut-être pour ça qu’ils avaient été renvoyés.

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    Message par Gwydion Mer 26 Fév - 17:47

    « Mort à jamais ? Qui peut le dire ? »
    Quignard


      Promontoire Divin, huitième jour du deuxième mois.

      Moréane tira sur la sangle, vérifiant ainsi la ténacité de l'attache. Puis elle souleva la sacoche et la glissa sur son épaule, avant de serrer autour de sa taille la corde qui dépassait du conteneur en cuir sombre et robuste, visiblement griffé et vieilli par les années aussi bien que les utilisations. La rouquine se pencha ensuite vers le sol et s'activa à retirer les planches sous l'armoire: ayant sortie la petite boîte de son discret emplacement, elle resta silencieuse un moment face au couvert, à la limite de la déférence religieuse. Se remémorer des souvenirs ne lui était pas plus évident que d'y toucher directement. Mais l'hésitation qui succéda au recueillement finit par se dissiper. Elle tendit ses mains puis releva le fermoir et le reste de l'armature en bois peint, révélant en dessous ces trésors qui témoignent de nos attachements premiers, et, de ce que enfant on considéra avec une fierté inexplicable, nos propres créations. Des larmes inhabituelles vinrent aux yeux de Moréane. La douleur solitaire qu'on y affronte, cette nostalgie que tout-à-chacun connait, lorsque de manière inopinée il lance un regard ému vers ce qu'il fût plus jeune, où bien les regrets que l'on se fait et le manque que l'on y trouve, tout cela découle de nos souvenirs. Si certains scellent leurs boîtes de pandore le plus loin possible d'eux, d'autres, comme animés d'un vide absolu à combler, se contentent de vivre dans les parages de ce dernier, afin de côtoyer tout ce qui exista jadis pour eux et qui cessa un jour de l'être par le temps.

      Délicatement, la rouquine passa ses mains sur ses yeux, essuyant avec honte sa faiblesse. Puis son regard parcouru avec une fragilité apparente le contenu de son trésor. De petites figurines taillées dans le bois s'accumulaient les unes sur les autres, une bougie - autrefois entamée - constellée de grains de poussière se dégageait sur le côté, de l'autre trônait la broche luisante et intacte de Leoryll. Dans l'encadrement, quelques mèches de cheveux roux couvraient une inscription aussi bien illisible qu'ancienne. Du bout des doigts, la jeune femme se saisit d'une des figurines, détaillant la sculpture du bois à l'aide des rayons du soleil. La représentation d’une femme. Sombre et délicate. Oui, elle avait pris du temps à la faire, autrefois. Dans une époque où le monde lui semblait moins chaotique, moins arbitraire que celui-ci.

      « Elle était grande et souriante, rousse comme nous toutes, bien qu’elle ne fût pas Vorengard. Son regard s’émerveillait à nos bêtises alors que mon père grondait. Comme nombre d’autres, elle nous a été arrachée. »

      La rouquine glissa la petite sculpture de bois dans sa sacoche, avec une prudence exagérée et pleine d’un respect tendre, enfantin. Son regard se perdît de nouveau sur cet assemblage de son passé, comme réfléchissant, puis elle rangea le tout. Inutile de déranger plus les fantômes.


      ***


      « Tu prépares tes affaires ? Nous y allons. J’vais poser la pancarte. »

      Moréane ne prit pas la peine de se retourner, elle se contenta simplement de récupérer un marteau et deux clous d’une main. De l’autre, elle se saisit du monceau de bois peint. Avec lenteur, pour laisser le temps à son frère de se déplacer à l’extérieur, elle sortit devant la forge Vorengard. Ces gestes étaient précis et rapides, alors qu’elle clouait à côté de l’entrée l’annonce suivante « la Forge ne prend plus de commandes ». Les apprentis tiendraient le reste, puisque les maîtres partaient.

      Après avoir fermé la porte, la rouquine resta immobile un moment. Puis ses doigts lâchèrent les clous. Ils partaient. Elle s’effondra.


      ***


      « Cher Talnir.

      Nous partons avec Maelenar. Penses à récupérer Opâle – le rat blanc dans ma chambre.
      Ne t’inquiètes pas pour nous.

      Tes cousins. »


      ***


      Le détour par Noirfaucon avait été nécessaire. Au final, ils y avaient trouvé plus d’interrogations que de réponses à leurs questions. Tout était de plus en plus compliqué. Avant de sortir de la ville, ils avaient aussi rencontré Cyril Deranthes, leur client le plus fidèle. De son côté également, l’enquête pataugeait. Difficile à dire qui voulait la peau de qui.

      Tant pis. Ils partaient. Leurs pas les menèrent hors de la cité. Puis ils disparurent sur les chemins. Comme tant d’autres qui s’en vont avec appréhension vers des horizons incertains, et qui jamais, par un détour malencontreux où une mauvaise chute, ne reviennent.

      Oui. Ils partaient.
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    Message par Gwydion Mer 26 Fév - 17:48

      « Non je n'ai pas peur,
      on ne tombera jamais aussi bas comme le monde »


      Promontoire Divin, il y a quelques semaines.

      Ces derniers temps, la sacoche - qui lui servait de fourre-tout - était continuellement présente sur son épaule. La situation se trouvait propice au voyage, tel qu'il fallait le croire. Alors, depuis le retour du Marais de Fer, Moréane trimballait tout un ensemble d'objets inutiles pour les uns et étranges pour les autres. Avec une déférence extrême, elle avait même transporté un œuf jusqu'à un vieux camarade résidant à l'Arche du Lion. Le cadeau d'Amaelia, telle une petite bombe à retardement, attendait au chaud que se présente sa destinataire. Manque de bol, la petite brune avait été occupé un brin trop pour avoir le temps de le rencontrer. Mais Moréane ne perdait pas espoir. Une occasion viendrait bien, à un moment où à un autre, et surtout contre la volonté de Faendyr, pour lui permettre de voir son amie !

      En attendant ce moment propice, la rouquine avait occupé son temps libre. Avec Maelenar, déjà, ils étaient retournés voir Cyril. L'affaire prenait une tournure intéressante, vraisemblablement entre intrigue politique et religieuse ... Le tout mettait son frère dans une très sale humeur. De son côté, elle prenait cela avec philosophie: ce n'était après tout que deux organisations potentielles qu'ils avaient au cul... En terme de scénario, il y avait tout de même largement pire ! Par exemple, Faendyr pourrait se faire corrompre par l'un des dragons - quoi qu'il le fût peut-être déjà et que c'était la raison probable de la perte de son humanité, à moins que les esprits le manipulant soient eux-mêmes d'une mauvaise essence - exterminer son infidèle troupe, puis par une vengeance déjà aveugle, décider de massacrer tout le Promontoire Divin. Rien que pour les beaux-yeux arrachés de sa tendre Abigael, certainement écartelée quelque part sur le chemin. Cela ne la fît même pas rire, tant ce récit imaginaire lui en rappelait un plus fou arrivé il y a plusieurs mois.

      Faendyr était déjà mauvais, moche et stupide de base, pas besoin d'en rajouter plus. D'autant que la situation était tendue entre Orr et le problème au nord, mêlant les Cimefroides et le Plateau de Diessa. Bref, vraiment pas le moment d'aborder un potentiel futur ennemi commun à abattre. De toute façon, il était humain. Il finirait bien par mourir de vieillesse... Non ?

      Pourtant, la médisance sur son ancien employeur n'était qu'un minime pourcentage dans ses occupations. Il faut voir plutôt le temps que Moréane passe à aider Maelenar, aussi bien à la forge qu'aux livraisons. Fort heureusement pour eux, les jours qui venaient de s'écouler étaient tranquilles. Aussi, après avoir revu Neironce lors de la prestation au Fief du Sorcier, la rouquine avait beaucoup réfléchi. L'alpha des Starkhan lui semblait moins hostile que lors de leur dernière rencontre, bien que toujours grognon et méfiant. Mais ça, c'était sa personnalité.

      Il était apparu à elle dans un moment où son existence dérivait une nouvelle fois. Et bien que la rouquine se battait inlassablement contre les flots, elle n'avait pas coulé pour le moment. Pourtant il lui tendit une perche. C'était, après tout, à elle de voir. Sur le moment, Moréane s'était retranchée dans ses réserves, mais plus tard dans la soirée, une fois que ses pensées quittèrent avec douleur l'image qui lui restait d'Asdel, elle avait envisagé son avenir. Son retour dans la meute.

      Prévenir Maelenar ? Certainement pas ! Du moins, pas tout de suite. Il reprochait nombre de choses à leur cousin, et il hurlerait si elle lui faisait part de son trouble. L'orgueil de son frère s'avérait tel, qu'après avoir perdu coup sur coup aussi bien Desse qu'Auren, puis après avoir été menacé puis remercié par le pot-de-cirage, il ne parvenait pas à se remettre en question. Pour lui, c'était la faute des autres. Comme un rocher, comme une enclume, il se tenait droit, immuable et dressé face au monde. Oui, on ne pouvait douter ainsi de son lignage. Il était bel et bien un Vorengard. Que dire d'elle alors ? Moréane ne prenait pas tant à cœur les conflits et les erreurs, sa naïveté - ou son bon fond selon les versions que l'on pourrait y accorder pour justifier tel comportement - devait sûrement l'influencer. Elle était beaucoup moins ancrée dans le monde que son frère. Son ardeur conciliante s'animait de souplesse, de recul et d'écoute. Aussi bizarre que cela soit, plus le temps passait, plus elle se distinguait de Maelenar. De Vorengard, elle devenait autre chose. Difficile à dire quoi. Bien entendu, elle ne perdrait pas les attributs physiques propres à cette famille, mais elle était différente. C'est ainsi que d'entité commune, aujourd'hui, le chemin des jumeaux se séparait.

      La rouquine avait déjà décidé. Elle partirait au nord rejoindre Neironce. Mais pas sans présent. Les jours qui suivirent, Moréane sculpta le bois. Deux figurines qui, si elles n'étaient pas du meilleur art que l'on puisse croiser en Kryte - puisque les gravures s'y faisaient ici sobres et religieuses, avec quelques insignes propres à son ancienne meute - débordaient d’espérance. Or, elles avaient justement un nom. Espoir et Endurance.

      C'est peut-être là, dans ce frémissant reflet de la bougie soudainement éteinte, que réside l'étincelle même de l'homme.


      ***

      Depuis qu'elle avait retrouvé le clan, la rouquine se portait mieux. Même si le climat propre aux Cimefroides était loin d'être facile à supporter, son cœur résonnait de sérénité. Sa place, sa tendre place d'antan, elle l'avait de nouveau. Oublier Asdel dans un endroit qu'il ne fréquenta jamais en sa compagnie, adoucissait aussi sa douleur. Elle n'osait déjà plus compter les jours. Leur dernière rencontre, leur dernier échange... Ce soir-là, si lointain dans la chronologie, au Refuge Noir, s'inscrivaient de plus en plus dans ses souvenirs comme un adieu. Il ne l'avait jamais embrassé, il ne lui avait jamais rien déclaré, mais son regard et ses gestes le trahissait indéniablement. Puis son talisman, ce collier ancien portant le figuré de Dwayna... Tout cela n'aurait jamais de suite. Revenir à l'Arche du Lion, voir même imaginer se rendre aux collines de Kesse... Oublier tout ça en se préoccupant de la meute, voilà ce qu'il lui fallait. Ici, elle était entière. Elle avait une chance d'outrepasser ces sombres derniers mois que des esprits, pavés de bonnes intentions, avaient menés jusqu'à Orr.

      Elle pourrait avoir une chance de guérir de ce mal terrible et si peu raisonnable, qu'est l'essence même de l'amour. Une substance qui ne connait ni sens ni vainqueur, pas même ceux qui croient en posséder le cœur. Cela devient alors un poison acéré et dense, où la respiration devient fatale. Et si l'on ne meurt pas de nous-même face à la blessure, c'est le public indolent, derrière les paravents, qui nous jette la pierre fatale [...] Cette représentation de la réalité que nombre de malheureux esprits, par pudeur où jalousie, critiquent et rejettent à tort - au profit de victoires largement moins littéraires - puisque l'usage veut que l'on méprise l'amante et l'amant sur la scène. On s'insurge alors d'un baiser tandis que de la main droite, l'on tranche l'ennemi. L'on va même plus loin en déshonorant le sens pur du verbe, plantant dans ce corps d'albâtre fin et élancé, lui-même porteur d'espoir, l'étendard de l'incompréhension. Dans une bravoure qui imite celle du bon soldat, le bien-aimé du village, l'on pense donc que la vie a plus d’intérêt dans l'aventure et l'affrontement, en des valeurs qui manquent clairement de racines, que cette folle exigence - pis ! - cette folle pensée que l'amour pût faire un grand roman.

      Moréane en était là, sans lyrisme, sans grandeur. Au bord du vide et sans livre. Rien qui ne parla de ses aventures, de ses sentiments, ni du voyage initiatique qu'est ici la vie. Or, pourrait-on vraiment écrire les pages de cette étrange existence ? Ne serait-ce pas plutôt à elle, plus vieille, de le faire ? Puisque de toute évidence la rouquine souffrait, qu'elle fasse donc comme ces autres fous - pauvres d'esprits qu'on plaignait aux Six - et qu'elle écrive cette bêtise qu'est l'amour, cette maladie qu'est la sexualité et cette drôlerie qu'est la réflexion !

      Et pendant ce temps, le vide lui faisait face: semblable à une mauvaise comédie, il répondait à son hurlement par un écho sans souffle. Oui, si elle voulait s'en sortir, Moréane devait s'accrocher à ce qui éclairait son existence.

      A ce qui, indéniablement, fait fuir.

      A la famille.


      ***

      Non sans regrets, elle allait encore quitter le Promontoire. Mais, au bout de vingt-six ans, il était peut-être tout simplement temps de tourner la page et de grandir. D'arrêter de se représenter le monde à travers l'image faussée d'une petite fille, significatif de ce modèle femme-enfant propre et particulier à la fois, de cette génération.

      Malgré tout ce que l'on pouvait en dire, tout ce que l'on pourrait s'en moquer - aussi bien de sa clairvoyance, de sa stupidité ou de sa trahison - elle rejoindrait la meute. Son affection, aussi surprenante qu'inattendue, pour Opâle laissait entrevoir d'autres possibilités. Peut-être que maintenant, après avoir vagabondé seule en territoire hostile, à la croisée des destinés, tantôt Vorengard, archère, espionne, serveuse puis plus rien... Peut-être serait-elle apte à suivre les loups, et à comprendre Neironce.

      Qui sait, si au bout du chemin, la rouquine ne trouverait pas plus qu'elle ne l'espérait ?
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    Message par Gwydion Mer 26 Fév - 17:49

    « Si on ne change pas, on ne grandit pas.
    Si on ne grandit pas, on ne vit pas vraiment.
    Grandir exige un abandon provisoire de tout sentiment de sécurité. »

    Gail Sheehy

    Kryte, 1326.
      La jeune femme épingla fermement l'attache de sa capuche, noyant son indomptable chevelure sous un amas de tissu d'un jade sombre. Seul son visage, plus pâle que d'habitude malgré la présence des tâches de rousseurs, se détachait de ses vêtements, mêlant divers cuirs et monceaux de toile. Avec une mélancolie profonde, presque maladive, elle laissa son regard glisser sur le paysage de vert et d'ocre, toujours plus flou et grisâtre dans le lointain. Un tremblement nerveux lui échappa et crispa son bras un moment.

      Dans un dernier regard amer et fiévreux, elle se détacha de la Kryte. Se laissant porter par ses pas, elle arriva à une auberge quelconque. Tout lui paraissait fade, ici. Plus rien n'avait d'importance. Au début résistante, sa coque s'était peu à peu fissurée... Ainsi, proche de la guérison, un harpon l'avait de nouveau envoyé par le fond. Aujourd'hui, comme hier et les jours précédents, son âme en naufrage ne cessait de s'embourber dans le gouffre. Le néant et le calme qui caractérisaient son état depuis quelques temps, trouvaient un contraste sublimatoire par son agitation psychologique. Tout se bousculait dans son esprit. Tout ce qu'elle croyait, tout ce qu'elle pensait sincèrement jusque là. Le bordel implacable.

      Elle prit place à une table, sans prêter plus d'importance à son environnement, puis demanda un parchemin accompagné d'un alcool fort à l'aubergiste . Elle paya puis se mit à écrire. Ni rature, ni coquille. Pas non plus une graphie noble où scolaire, mais les lettres se détachaient les unes des autres avec volonté. Le tout était lisible. Compréhensible. Surprenant, même, venant d'elle. Du moins, venant d'elle selon ce que croient les autres à son propos. Selon ce qu'ils imaginent à tort. Selon ce qu'ils déduisent trop rapidement et trop impunément. Qu'ils jugent. Alors qu'ils nous connaissent, en vérité, si mal.

      Mon cousin Neironce,

      Tu sais ce qui me tourmente depuis des semaines. Je ne cesse de vagabonder en Kryte. Mais rien n'y fais. C'est même de pire en pire. Je suis incapable de me concentrer. De faire quelque chose de cohérent. Plus rien ne me fais envie. Mael me manque. Ça fait trop longtemps que je ne l'ai pas vu... Je t'ai menti. Il n'était pas à la forge. Il était ailleurs. Dans le nord. J'sais pas où. Ça m'affecte. Mais y’a pas que ça. Tu le sais.

      Je peux plus rester ici, à découvert. Je sais ce que tu penses. Et tu sais ce que je vais faire. Je vais rompre encore mon serment. C’est mal. Mais j’peux plus. J’peux pas honorer quoi que ce soit ici. C’est foutu. J’ai besoin de tout plaquer et partir.

      Tu vas pas me pardonner. Tu as déjà du mal avec … Cadfan, je crois que c’est lui. Mais dans l’état... Y’a pas de solution.

      J’peux pas aller à l’Arche, j’supporte plus cette ville maudite. Et si c’est pour croiser des fantômes, j'préfère encore me faire envoyer à Orr. C’est peut-être ce que je vais faire d’ailleurs. Qui sait, je pourrais enfin trouver... Me poser définitivement. Pas forcément de façon positive – et vivante.

      Oui j’y pense. Si ça arrive, c’est le destin – où bien les dieux.

      S’il te plaît. J’veux pas de chasseur de prime au cul. Traîtresse suffira, si tu es vraiment en colère. Ça devrait suffire à me couper toutes relations avec d’autres organisations. De toute façon, j’pars vivre en solitaire. J’veux plus m’attacher, ça me coûte toujours. En mal.

      J’espère que tu parviendras, du reste, à sauver ce que tu dois, et à guider le clan. Ils ont besoin de toi. Et de ta femme. Elle est forte.

      … A force de n’être ni une Vorengard, ni une Starkhan... Je ne suis plus rien du tout.
      Pardon. Adieu.

      Avec l'aide de l'aubergiste - et d'autres pièces trébuchantes - elle scella le parchemin avant de le faire envoyer. Elle n'osa pas s'attarder plus dans le royaume, et se remit en route rapidement, en évitant soigneusement les chemins et les convois d'humains. Parfois, épuisée, Moréane s'arrêtait pour tousser et absorber quelques gouttes de sa gourde. Puis, tantôt avec douleur, d'autre avec volonté, elle reprenait la marche.

      Elle avait eu tort. Sa rédemption était ailleurs.
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    Message par Gwydion Mer 26 Fév - 17:50

    [GW2] Le marteau et le fer. Voreng10

      Détroit de la dévastation, 1326.
      Après avoir mollement traîné son corps éreinté vers la tente de lin, Moréane se laissa tomber sur sa couche. Avec une difficulté certaine, accentuée par la fatigue, elle retira un à un les monceaux de cuir de son armure. Puis, dans un dernier effort, la jeune femme défit l'attache de ses cheveux courts et roux, en bataille. Dernier et rare écho d'une image qu'elle n'était plus. Du reste, l'agitation ambiante, propre aux forteresses du front, ne l'empêcha pas de s'endormir. Et sa conscience se dilua dans un sommeil sans agitation.

      Cela faisait longtemps qu'elle était partie. Qu'elle avait lâché, abandonné, rejeté le clan et tout le reste. Qu'elle ne vivait plus que pour elle-même. Que rien d'autre n'avait d'importance. Que ses pas l'avaient mené loin, vers des territoires chauds et humides, que son instinct ne connaissait que trop peu et dont il se méfiait. Et où, finalement, elle avait rejoint une caravane du pacte, se laissant seulement porter par le mouvement. Pourtant...

      La douleur s'était estompée petit à petit, soumise à l'usure du temps. Et le cœur, comme le rivage, se remettait alors de ces ravages doucereux que les tempêtes menaient par le fond des flots... la quiétude avait fini par la gagner. Une fois arrivée au Fort Trinité, la rouquine s'était réappropriée son corps par l'entraînement. Puis, lorsque ses muscles avaient récupérés leur force d’antan, c'est son esprit que l'effort avait guéri. Elle était paisible et sereine, en contraste avec ce paysage désarticulé, mêlant d'un même tenant la jungle de Maguuma aux terres effroyables d'Orr. Dans cet étrange tableau de fin du monde, elle était revenue à elle-même. Oui, envers et contre tout, Moréane avait survécu.



      ***




      A proximité de l'Arche du Lion, il y a quatre semaines.
      L'Asura, fastueusement vêtu de bleu et d'or, lisait scrupuleusement le parchemin jauni et, de temps à autre, questionnait son invitée avec la plus grande attention. Ce nouvel intérêt se manifestait par une observation méthodique de la rouquine, semblable à un protocole scientifique. Sans pour autant le laisser paraître, elle se sentait gênée: difficile à dire s'il évaluait ses probables compétences où cherchait au contraire à déceler un défaut... Ses craintes ne se matérialisèrent pourtant pas. L'entretient se déroulait convenablement, avec entrain de la part du négociateur. Rassurée, elle se permit un bref soupir et commença à se détendre. Sa première épreuve se présentait sous un jour intéressant... Bien que, très franchement, elle se serait attendue à pire.

      [...]

      « Quelque chose à ajouter ? »
      « Je n'ai pas grand chose à dire de plus sur ce contrat. Il me va. » Le regard luisant et pointilleux de son interlocuteur se posa sur elle, visiblement interloqué, avant de compléter un dossier à la reliure de cuir et d'y mettre sa signature.
      « Je vois. Vous êtes bizarre mademoiselle, mais bon... Soit. Bienvenue chez le Consortium, vous partez demain matin pour la nouvelle colonie ! »
      « Où est-ce ? »
      « Mais à Sud-Soleil, évidemment ! »

      Elle avait eu tort. C'était pire.


      ***


      Île de Sud-Soleil, il y a quelques jours.
      D'un geste vif, la jeune femme tira sa capuche en arrière et dégagea son visage à l'air libre. Les embrassades fugaces du vent taquinèrent ses joues, tandis que son regard parcouraient la crique et le relief saccadé, presque étiolé, des côtes. En contrebas, des colons s'affairaient sur la plage, et leurs gestes brusques et précipités retenaient toute son attention. L'ordre du jour était de surveiller ces individus, d'autant plus que le Consortium avait du faire face à de nombreux - et imprévisibles - débordements. Moréane en avait fait les frais au début, et savait donc à quoi s'en tenir avec les protestataires. Pour autant, elle ne soutenait pas toutes les excavations de ses employeurs. Parfois, la rouquine s'arrangeait même pour accompagner des patrouilles de la garde du lion.

      Il fallait dire qu'entre les colons qui la détestaient pour son affiliation, et les membres du Consortium qui se méfiaient d'elle... Certains jours n'étaient pas vraiment faciles. Mais Moréane passait outre, se concentrant sur ses tâches et ses rapports. Bon sang, si elle avait su un jour qu'elle en écrirait autant ! C'était sans compter son autre préoccupation du moment, qui se nommait fièrement Ranulf. Un petit félin au pelage sale, qu'elle avait soutiré à un marchand ingrat, peu de temps avant d'embarquer pour les tropiques version cour des cauchemars. Lorsqu'elle ne remplissait pas ses missions, la rouquine tentait tant bien que mal d'éduquer cette petite bestiole. Un vrai goinfre en plus, qui grossissait à vu d’oeil. Au moins, contrairement à toutes les créatures vivantes du coin, il ne tentait pas de la bouffer.

      Sans un bruit, la jeune femme se redressa, quittant le refuge des rares plantes bordant la falaise. Elle observa une dernière fois les environs avant d'emprunter un chemin tortueux. Elle se déplaçait toute en prudence, ses sens en alerte et l'arc en main, prête à saisir une flèche si la situation se présentait. Il n'était pas question de paranoïa selon elle, loin s'en faut, mais plutôt de survie en milieu hostile: jusqu'à preuve du contraire, l'île de Sud-Soleil était tout sauf un endroit de calme et de volupté. Les protestations civiles étaient vraiment le cadet de ces soucis, à côté des animaux sauvages se découvrant soudainement une carrière dans la boucherie où des Karkas en quête de chaleur humaine.

      Les nobles n'aidaient pas ses affaires. Ils débarquaient en masse depuis l'Arche, avec toute l'innocence du monde. Cela dit, étant donné l'intérêt qu'en tirait le Consortium, Moréane n'était pas étonnée. Les rumeurs vantaient les bienfaits de l'air marin et de l'exotisme du paysage. Belle arnaque. Si les colons étaient des fauteurs de trouble en puissance, les aristocrates étaient pires. Non pas qu'ils soient tous défaillants dans leurs fonctions et capacités, mais les chefs militaires, les vrais, avec de gros bras et de gros cerveaux, ils allaient certainement pas se dorer la pilule sur une île. Bref, les présents étaient au choix une victime potentielle - et donc propice aux emmerdes diplomatiques - ou un nid à vipère - et ce n'était franchement pas mieux.

      Après s'être passée la main sur les yeux, la rouquine manqua de s'étaler sur le sentier. Se rattrapant de justesse à un arbre, elle bredouilla quelques insultes proprement Vorengard contre son inattention. Fichtre et foutre ! Il fallait qu'elle se concentre un peu, sinon elle pourrait bien se retrouver dans un trou plus vite que prévu. Moréane soupira puis reprit sa route. Il lui restait encore quelques espaces à couvrir avant le coucher du soleil.


      ***


      Île de Sud-Soleil, la veille.
      Le bras appuyé contre la rambarde, sa plume parcourait le parchemin à vive allure. Le ciel était encore clair et dégagé: pour une fois, elle était rentrée tôt. Elle prit donc le temps de compléter son rapport avec quelques annotations. Pourtant, très vite, sa concentration fût perturbée par des pas dans l'escalier, qui s'arrêtèrent à côté d'elle. Moréane, habituée par les va et viens incessant des négociateurs comme des gardes, ne se retourna pas tout de suite. Mais la présence inhabituelle à sa gauche commença à l'agacer.

      « Y'a un problème en bas ? »
      « Contente de te revoir. »

      Un froid lugubre glissa le long de sa colonne et accentua la sourde inquiétude qui la submergeait. Retirant sa propre capuche, elle dévisagea les yeux dans les yeux cette interlocutrice impromptue. Son passé, au galop, lui revenait droit dans la gueule. Et ce cavalier informe, que la rouquine avait fuit si prestement, se dressait face à elle. Il revêtait la forme d'une femme étrange, à la chevelure sombre, au regard inquisiteur... Auren.


      [...]


      Au fond, sa vieille amie avait raison. Tout cela avait bien assez duré. Les pénitences ne peuvent pas être éternelles. Pas pour ça. Il était temps qu'elle rentre. Elle manquait à Maelenar. Elle manquait à Talnir. Sans compter que ce dernier s'était marié. Bon sang, lui, marié ! Cette crotte cuite de dolyak, incapable de ne pas allumer la mèche d'une bombe ? Et - chose impensable - avec une noble en plus ! Bon, au moins, elle devait se nommer Vorengard maintenant... Tout n'était pas perdu. Peut-être même que cette "Ange" était l'élément stable qui manquait à son cousin.

      Puis, il y avait le sujet fâcheux. Asdel. Moréane avait finit par accepter sa mort. Elle ne souffrait plus de l'évoquer, ni de l'imaginer. Les choses allaient ainsi. Le monde aussi. Cela n'empêchait pas la pluie de tomber, ni la vie de continuer. Il était tout simplement temps d'avancer. Si un jour elle retombe amoureuse, personne n'en souffrira. Et si ce n'est pas l'amour que la rouquine cherche, elle trouvera son bonheur ailleurs. Sous d'autres formes.

      Oui, vraiment, il était temps.


      ***


      Demeure de Cyril Deranthes, Noirfaucon, cette nuit.
      Confortablement installée sur un sofa et emmitouflée dans une épaisse couverture, Moréane fixait silencieusement le plafond. Ranulf, le petit félin, était couché à côté d'elle, sur un coussin bravement griffé. Tout était calme dans la pièce, au point que le temps semblait s'écouler au ralenti. Parfois, l'on entendait quelqu'un tourner la page d'un livre, mais même ce son était minime.

      La rouquine, somnolente, tourna son regard embrumé vers les deux érudits. Lacifae, la blonde, semblait préoccupée par ses recherches tandis que Faust, le vieil ascète, ne laissait rien paraître si ce n'est l’agacement d'une lecture inutile. L'un comme l'autre, bien qu'ils soient des nécromanciens, ne l'inquiétaient guère. Ils ne ressemblaient pas à l'archétype du grand méchant. Ils étaient trop modestes. Sur cette pensée, elle ferma les paupières et s'endormit.


      [...]


      « Bouh ?! BOUH ?! C'EST TOUT CE QUE TU AS A ME DIRE ?! APRÈS DOUZE SEMAINES SANS NOUVELLES ?! »

      Moréane sursauta, manquant de glisser hors du canapé avec le lionceau. Sans le vouloir, elle attira l'attention des autres et s'excusa platement auprès d'eux. Ce n'était qu'une réminiscence de la veille. Qu'un demi-cauchemar. De sa pauvre salutation à un frère qu'elle avait négligé. D'un frère tout rouge comme une tomate. Fâché et blessé dans sa tendresse.

      C'est vrai. Elle n'avait clairement pas assuré. Mais il allait lui pardonner... Non ?

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