- Musique d'ambiance:
As Fell ot Rokashin
"La Cité du Trouble"
"- Bien entendu, Serjo ! Je vous tiens au courant."
Avec un sourire élégant, Cleyam s'inclina devant le représentant Indoril, équipé comme à l'accoutumée de sa majestueuse armure d'ordonnateur dont la qualité attirait jusqu'à l'envie du seigneur Nadram. Il offrit son bras à Slaybell, toujours un pas en retrait derrière lui lors de ses conversations importantes, puis tous deux cheminèrent doucement vers le buffet. Dans la manœuvre, ils eurent à de nombreuses reprises l'obligation de s'arrêter pour saluer tel ou tel allié politique du dunmer, qui étaient venus nombreux ce jour-là. Il fallait dire que lorsque Coeurébène faisait mander les puissants de Morrowind pour discuter à propos du Pacte, il valait mieux répondre présent pour éviter de passer pour un amateur.
Tous avaient été présents, aux négociations. Rédorans, hlaalus, drès, indorils, et même quelques mages telvannis, venant contester comme à leur habitude les changements qui touchaient Morrowind depuis quelques années. Pour sa part, l'ambitieux elfe noir avait siégé entre la Maison Drès et la Maison Indoril, ce qui n'était pas une si mauvaise place dans le contexte actuel. Certes, les deux Grandes Maisons étaient en froid, ces derniers temps, mais elles n'en demeuraient pas moins puissantes, et c'était tout ce qui importait, à ses yeux. Cela lui avait même permis de prendre la parole à une ou deux reprises au milieu de tous ces mastodontes et, pour une Maison vassale sans actuel suzerain, c'était plutôt remarquable.
Cette pensée fit plaisir à son égo, ainsi un demi-sourire suffisant vint s'épanouir sur son visage, sous sa barbe couleur d'ébène finement taillée. Il porta son regard cramoisi sur sa parente, qui semblait tout aussi heureuse que lui, et d'une beauté indéniable, dans ses atours en soie, d'un bleu sombre et miroitant. Cela ne pouvait que lui être bénéfique. L'attirance que pouvait susciter Slaybell ne faisait qu'attiser l'envie de ses confrères, et la jalousie de ses consœurs. Dans un cas de figure comme dans l'autre, c'est de lui que l'on parlait, et c'était exactement son objectif, lorsqu'il s'affichait à ce genre de regroupements.
En arrivant au buffet, ils se firent resservir une coupe du domaine des Cinq Îles par un argonien dans une tenue élégante qui, semble-t-il, avait décidé de garder cet emploi malgré son affranchissement. Cela suffit à Cleyam pour lui vouer une certaine sympathie, cet être diminué ayant eu suffisamment de jugeote pour se maintenir dans l'entourage des grands esprits. Lui laissant un pourboire de quelques pièces sorties d'une des poches de son ensemble en cuir raffiné et d'étoffes sombres, il conduisit ensuite Slaybell vers la terrasse. Au dehors, malgré que l'on soit dans les premiers jours de Primétoile, il régnait comme toujours une chaude atmosphère quelque peu étouffante, entretenue par les volcans des alentours.
"- Belle élocution, tout à l'heure. Redat Drès semble avoir grandement apprécié."
La douce voix de sa cousine, ainsi que ses propos flatteurs, finirent de convaincre le dunmer que cela avait été une excellente journée, tandis qu'il dégustait son breuvage. Il acquiesça, l'air absent puis, inconsciemment, il guida son amie du côté de la terrasse s'orientant à l'Est, où ils purent apprécier la silhouette colossale du Mont Cendreux dans le lointain, couronné d'un épais panache de fumée noire dont l'ampleur avait quelque chose de grisant et sublime, à ses yeux. Il relâcha le bras de l'érudite, puis posa le sien sur la rambarde d'acier forgée de manière suave pour créer des arabesques variés.
Elle ne se formalisa pas qu'il ne lui réponde pas. Ils se connaissaient depuis une centaine d'années, à présent, et étaient suffisamment complices pour ne pas avoir à se répondre systématiquement. Comprenant d'ailleurs qu'il avait sans doute besoin d'un peu de solitude, elle laissa le seigneur des nadrams à sa contemplation silencieuse, et rentra se faire courtiser par quelque beau jeune elfe.
Pour sa part, il en profita pour souffler un peu, et réfléchir. Ces journées n'avaient rien d'une partie de plaisir passée à batifoler entre aristocrates, comme se plaisaient à l'imaginer les roturiers jaloux des puissants. Chacune de ses paroles, aujourd'hui, avaient sans doute été soigneusement étudiées par les agents et autres espions de ses rivaux, ainsi que par les Grandes Maisons, dans le but de trouver une faille à exploiter. Une telle pression pouvait parfois être particulièrement éreintante, puisque tout comme à la guerre, chacun de ses choix dans l'arène diplomatique pouvait se terminer sur un bain de sang.
Lissant pensivement son bouc, il garda les yeux rivés sur l'imposante masse qui avait servi de blason à sa Maison, depuis l'époque où elle s'était installé dans les Éboulis, quelques siècles plus tôt. Il en vint à penser à ses ancêtres comme cela lui arrivait souvent dans ces moments-là, et à l'image qu'il pouvait avoir à leurs yeux. Contrairement à beaucoup de ses semblables, Cleyam accordait une importance réelle à la volonté des anciens et des Trois, et avait toujours essayé d'agir de manière à les rendre fiers, quand bien même il s'enlisait dans des complots inextricables. Aujourd'hui, il marchait aux côtés de sous-espèces qu'il tâchait tant bien que mal d'éduquer à la grandeur dunmer, mais il espérait que tout cela porterait ses fruits avant que ses actes ne le rattrapent.
Lâchant un léger soupir, il détourna le regard du volcan et, soudain, réalisa la présence d'un autre individu sur la terrasse.
Avec un sourire élégant, Cleyam s'inclina devant le représentant Indoril, équipé comme à l'accoutumée de sa majestueuse armure d'ordonnateur dont la qualité attirait jusqu'à l'envie du seigneur Nadram. Il offrit son bras à Slaybell, toujours un pas en retrait derrière lui lors de ses conversations importantes, puis tous deux cheminèrent doucement vers le buffet. Dans la manœuvre, ils eurent à de nombreuses reprises l'obligation de s'arrêter pour saluer tel ou tel allié politique du dunmer, qui étaient venus nombreux ce jour-là. Il fallait dire que lorsque Coeurébène faisait mander les puissants de Morrowind pour discuter à propos du Pacte, il valait mieux répondre présent pour éviter de passer pour un amateur.
Tous avaient été présents, aux négociations. Rédorans, hlaalus, drès, indorils, et même quelques mages telvannis, venant contester comme à leur habitude les changements qui touchaient Morrowind depuis quelques années. Pour sa part, l'ambitieux elfe noir avait siégé entre la Maison Drès et la Maison Indoril, ce qui n'était pas une si mauvaise place dans le contexte actuel. Certes, les deux Grandes Maisons étaient en froid, ces derniers temps, mais elles n'en demeuraient pas moins puissantes, et c'était tout ce qui importait, à ses yeux. Cela lui avait même permis de prendre la parole à une ou deux reprises au milieu de tous ces mastodontes et, pour une Maison vassale sans actuel suzerain, c'était plutôt remarquable.
Cette pensée fit plaisir à son égo, ainsi un demi-sourire suffisant vint s'épanouir sur son visage, sous sa barbe couleur d'ébène finement taillée. Il porta son regard cramoisi sur sa parente, qui semblait tout aussi heureuse que lui, et d'une beauté indéniable, dans ses atours en soie, d'un bleu sombre et miroitant. Cela ne pouvait que lui être bénéfique. L'attirance que pouvait susciter Slaybell ne faisait qu'attiser l'envie de ses confrères, et la jalousie de ses consœurs. Dans un cas de figure comme dans l'autre, c'est de lui que l'on parlait, et c'était exactement son objectif, lorsqu'il s'affichait à ce genre de regroupements.
En arrivant au buffet, ils se firent resservir une coupe du domaine des Cinq Îles par un argonien dans une tenue élégante qui, semble-t-il, avait décidé de garder cet emploi malgré son affranchissement. Cela suffit à Cleyam pour lui vouer une certaine sympathie, cet être diminué ayant eu suffisamment de jugeote pour se maintenir dans l'entourage des grands esprits. Lui laissant un pourboire de quelques pièces sorties d'une des poches de son ensemble en cuir raffiné et d'étoffes sombres, il conduisit ensuite Slaybell vers la terrasse. Au dehors, malgré que l'on soit dans les premiers jours de Primétoile, il régnait comme toujours une chaude atmosphère quelque peu étouffante, entretenue par les volcans des alentours.
"- Belle élocution, tout à l'heure. Redat Drès semble avoir grandement apprécié."
La douce voix de sa cousine, ainsi que ses propos flatteurs, finirent de convaincre le dunmer que cela avait été une excellente journée, tandis qu'il dégustait son breuvage. Il acquiesça, l'air absent puis, inconsciemment, il guida son amie du côté de la terrasse s'orientant à l'Est, où ils purent apprécier la silhouette colossale du Mont Cendreux dans le lointain, couronné d'un épais panache de fumée noire dont l'ampleur avait quelque chose de grisant et sublime, à ses yeux. Il relâcha le bras de l'érudite, puis posa le sien sur la rambarde d'acier forgée de manière suave pour créer des arabesques variés.
Elle ne se formalisa pas qu'il ne lui réponde pas. Ils se connaissaient depuis une centaine d'années, à présent, et étaient suffisamment complices pour ne pas avoir à se répondre systématiquement. Comprenant d'ailleurs qu'il avait sans doute besoin d'un peu de solitude, elle laissa le seigneur des nadrams à sa contemplation silencieuse, et rentra se faire courtiser par quelque beau jeune elfe.
Pour sa part, il en profita pour souffler un peu, et réfléchir. Ces journées n'avaient rien d'une partie de plaisir passée à batifoler entre aristocrates, comme se plaisaient à l'imaginer les roturiers jaloux des puissants. Chacune de ses paroles, aujourd'hui, avaient sans doute été soigneusement étudiées par les agents et autres espions de ses rivaux, ainsi que par les Grandes Maisons, dans le but de trouver une faille à exploiter. Une telle pression pouvait parfois être particulièrement éreintante, puisque tout comme à la guerre, chacun de ses choix dans l'arène diplomatique pouvait se terminer sur un bain de sang.
Lissant pensivement son bouc, il garda les yeux rivés sur l'imposante masse qui avait servi de blason à sa Maison, depuis l'époque où elle s'était installé dans les Éboulis, quelques siècles plus tôt. Il en vint à penser à ses ancêtres comme cela lui arrivait souvent dans ces moments-là, et à l'image qu'il pouvait avoir à leurs yeux. Contrairement à beaucoup de ses semblables, Cleyam accordait une importance réelle à la volonté des anciens et des Trois, et avait toujours essayé d'agir de manière à les rendre fiers, quand bien même il s'enlisait dans des complots inextricables. Aujourd'hui, il marchait aux côtés de sous-espèces qu'il tâchait tant bien que mal d'éduquer à la grandeur dunmer, mais il espérait que tout cela porterait ses fruits avant que ses actes ne le rattrapent.
Lâchant un léger soupir, il détourna le regard du volcan et, soudain, réalisa la présence d'un autre individu sur la terrasse.
Dernière édition par Cleyam le Jeu 23 Jan - 22:32, édité 1 fois